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Suite à notre duo sur les tranchées de 14, ici http://www.grandcorpsmalade-fan.net/for … hp?id=5433
Vélocirapttor m'a envoyé un très émouvant MP: "C'est avec une profonde émotion que j'ai lu votre texte conjoint avec MJ23.
Et j'ai imaginé la rencontre qui aurait pu se faire entre mon grand-père, jeune homme célibataire, et mon arrière grand-père, papa de 3 enfants, tombé au front 24 avril 1916.
Ce n'est pas vraiment une fiction, puisque c'est en tentant de voir "un gars du pays", des troupes fraichement arrivée, qu'il est tombé, blessé gravement par un éclat d'obus"
Voici le texte avec son émouvante contribution
L'humeur du ciel est sombre, grise mine
Les nuages pleurent des larmes d'hémoglobine
Un brouillard épais aux senteurs de foudre
Fleurs et arbres remplacés par armes et poudre
Tranchées de boue, des zombies debout s'y agglutinant
Temps cinglant glaçant le sang et les sentiments
"Ma p'tite Jeanne je pense à toi comme un rappel du bonheur
Car on est tous comme des rats englués dans notre peur
J'en appelle à ton sourire pour me sauver de l'horreur
Je recherche ta lumière dans la moindre des lueurs"
Un parfum morbide contamine l'air
Un horrible mélange de corps et viscères
Une pléthore de rats crevés si ce n'était pas suffisant
Des êtres déshumanisés vomissant ou gisant
"Tenir le coup, tenir le coup, tenir le coup...
Si tu savais combien me manque la chaleur de ton cou
Je scrute dans chaque flaque y espérant ton reflet
Quand la peur me serre le ventre, j'essaie de ne pas chialer"
Un nouveau contingent s'invite à ce maelstrom terrible,
jeunes gars où l'effroi du combat constraste à leur tenue,
bleu horizon qui s'affiche à cet horizon de mort, cibles
vivantes d'un échiquier où le fou est déchiquetté à vue !
"Joie, j'ai pu voir un gars du pays, du village d'à côté !
Les moissons sont rentrées, et il m'a parlé de son intérêt
à la boisson, tu sais celle que nous fabriquons au carbonique.
Ah, je te le recommanderais bien si nous n'étions à ce cirque !"
Les balles coupent l'air et sifflent un air tonitruant
Les obus jonglent avec les membres tambour battant
Bénis soient les sourds ne pouvant entendre ce sifflet
Nous envoyant à une mort précoce, le destin est ainsi fait
"Ma p'tite Jeanne, dès que je rentre je t'apprendrai le tango
On ira jusqu'Ã Bordeaux pour boire du Chateau-Margaux
On s'allongera au soleil, on jouera à la marelle
On se quittera plus jamais, t'es l'étoile de mon ciel"
Un énième éclat de fer se méle à la chair
A la chaine, dans cet enfer, un nouvel être à terre
Derniers souffles dans ce gouffre aux souffrances insensées
Dans ces tranchées de corps et âmes blessés, dernières pensées
"Oh ma Jeanne qu'est-ce qu'il m'arrive? Je peux pas me relever...
Je m'en fous de mon pays, c'est juste toi dont je rêvais....
Oh ma Jeanne... comme j'ai froid...la nuit arrive déjà ?
Tu m'entends?? Jeanne!!
Jeanne..
ma Jea.....
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Toujours aussi touchant...
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Et véridique ! Je remercie Nicole et MJ23 de m'avoir associé à ce slam, où j'ai imaginé les pensées de mon arrière grand-père, qqs heures avant d'être frappé par un éclat d'obus, selon les sources familliales et le journal de suivi des opérations militaires, auquel nous avons accé par internet (je pourrais vous indiquer comment on procède par MP - c'est une ouverture des archives militaires demandées par notre président, et validée en 2008/2009 ).
Le reste de l'histoire s'est réalisé, c'est pour cela que je peux vous en parler :
A la visite du jeune homme, témoin de la grande guerre, mon arrière-grand-mère lui a donné la main de ma grand-mère, afin que l'exploitation de la limonade puisse se poursuivre.
L'idée d'utiliser du gaz carbonique était déjà connu pour les eaux émulsées, mais le dissoudre dans de l'eau sucrée et citronée pour donner la limonade était une nouveauté à cette époque et surtout un marché prometteur. D'où cet intérêt partagé entre ces deux personnes, en plus du même pays ! Il y a eu passage de flambeau ce jour noir
Aussi, gardons de ce slam une image d'espérance ! Les regards de tous ces hommes (mon arrière grand-père est à droite de la photo), nous adressent un merveilleux message à poursuivre la vie et les engagements tenus. Dans cette course à la vie, pertubée par l'obstacle de la guerre, rien ne pouvait entraver la puissance tranquille et contagieuse de l'amour.
Dernière modification par Velocirapttor (10-03-2011 19:00:33)
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Merci beaucoup, Joel pour ta contribution et ton interet.
Il est vraiment très émouvant de faire revivre nos anciens, qui nous font signe par delà le temps.
Ils nous rappellent la chance que nous avons, 1ere génération à ne pas avoir connu, du moins de près et sur notre sol, (car hélas...) cette horreur qu'est la guerre.
Je dois dire que j'ai choisi le prénom de Jeanne parce que c'est celui de ma grand mère, qui ne connaissait pas encore mon grand père en 14
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j'avais ecris ce texte a leur attention, je me permet de l'ajouter
La Plaine
Un vent frisquet de Février, balayait la plaine
De gros flocons tombaient à un rythme régulier
Et le paysage changeait de minutes en minutes
La plaine devenait le linceul immaculé des oubliés
Les ans avaient passés, mais les âmes savaient
Le temps s’était chargé d’adoucir les haines
La plaine voulait dans la dignité se reposer et priait
De ses morts, dont les jours ici furent comptés
Le souvenir de cette guerre, et de sa terrible cruauté
Ou maintenant reposait des corps, triste décor
Dont les cris et les plaintes avaient façonnés leur destin
Il ne restait plus que la sève des arbres au printemps
Et quand un vol d’étourneaux, mais jamais de rapaces
Survolait cette étendue, Il y avait une sensation
D’une liberté que l’on sentait ce propagé
Celle de jours meilleurs, qu’ils reposent en paix
La plaine ainsi photographiée, l’objectif a saisi
Peut être des sons, peut être des signes, peut être
Une indéfinissable mélancolie, ou un futur
Que l’on regarde avec des yeux qui se veulent amis
Dernière modification par nouga (11-03-2011 13:47:11)
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Merci Nouga.
j'ai lu un jour que les trous d'obus, aux premiers étés apres la guerre, se couvraient de coquelicots, comme un rappel du sang des soldats (en effet, les graines de coquelicots restent longtemps dans la terre profonde, n'attendant que d'etre mis à jour par des travaux ou des bouleversements)
je ne sais pas si c'est vrai, mais c'est un symbole émouvant
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De rien Velocirap' , merci à toi pour ta partie et la photo
Du bon Nouga merci pour ce texte !
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nicole a écrit:
Merci Nouga.
j'ai lu un jour que les trous d'obus, aux premiers étés apres la guerre, se couvraient de coquelicots, comme un rappel du sang des soldats (en effet, les graines de coquelicots restent longtemps dans la terre profonde, n'attendant que d'etre mis à jour par des travaux ou des bouleversements)
je ne sais pas si c'est vrai, mais c'est un symbole émouvant
les trous d'obus se couvrant de coquelicots , la nature reprend ses droits sans oublier de faire et de dire aux hommes leur stupidité
bravo encore a vous trois
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Je vous remercie tous pour la richesse que vous apportez ici! Bravo et respect!
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Bonjour,
voici, écoutez ce lien, visualisez ce témoignage de nos Poilus qui sont tombés au front .
La chanson de Craonne
Dernière modification par Velocirapttor (25-11-2011 17:40:01)
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Ton lien ne marche pas, Joel
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Arzo, cela fonctionne très bien après modification du lien (post précédent).
Heu, j'ai récupéré la lettre de mon arrière grand-père tombé au front, et adressée à sa femme.
Elle possède le mëme en-tête que toutes celles adressées par l'Etat-Major à sa famille :
"Si tu reçois cette lettre, c'est que je ne serais plus, mais il ne faut pas te décourager.
Au contraire, sois forte. songe que tu as un devoir à remplir, celui d'élever nos enfants.
Elève-les dans la crainte de Dieu, le respect du bien des autres. fais-en des hommes courageux pour affronter les luttes de la vie.
Dis-leur que je les ai bien aimés, que je voudrais être là pour les soutenir et les garder, mais que pour moi, n'étant pas là ,il faut qu'ils t'aiment bien et surtout qu'ils se rappellent qu'ils te doivent tout..."
J'ai fais le calcul, rappelé malgré un âge avancé pour l'armée, il est décédé à 40 ans, ses 3 enfants ayant respectivement 17, 14 et 10 ans. cette chanson de Craonne est particulièrement adaptée au ressenti de la populace vis à vis de la grande guerre....
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c'est vraiment très émouvant. Merci pour le partage de ces mots, et pour la vidéo qui donne une petite idée de la boucherie.......
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Il est super ce texte Nicole.
Le tien y compris Nouga.
Vous êtes tous 2 de bons auteurs.
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J'étais passée à côté .... Merci à tous les 3,.. à tous les 4 !
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Un UP pour ces deux textes qui rappellent bien ce qu'a été cette boucherie de la première guerre mondiale....
Merci à vous quatre.....
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Merci pour le Up Thanalie, merci pour la chanson Nouga, oui, aurions nous été meilleur ou pire ?
Une pensée pour mon grand père et tous ses camarades poilus.
L'armistice avait été signé à 6h du matin, cessez-le-feu à 11h (je n'ose pas penser aux morts de ce jours là , encore plus inutiles que les autres) et ce jour là , mon grand père, dans les tranchées n'a pas eu de soupe, les gens à l'arrière faisaient la fête et n'ont pas servi ceux des tranchées, pas forcement encore au courant.
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N'oublions jamais....
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Publié par damienlagarde dans Sans gestes. Poèmes héroïques. (1918 - Préface de Anna de Noailles)
Maurice Bouignol a écrit:
RAFALES
L’obus, au front des collines,
Semble, par son choc vibrant,
Un faisceau de javelines
Sur un mur de diamant.
Des éclairs soudain jaillissent ;
L’espace est éclaboussé ;
Les coeur sont des précipices
D’un grand souffle traversés.
Montagne altière des âmes !
Écueil pur des volontés !
Quelles souterraines flammes
Ont durci votre fierté ?
Vos falaises cristallines
Montent, et vous dessinez
Vos découpures divines,
Sur un ciel passionné.
En vain l’aube étincelante,
En vain les soirs somptueux
Lancent sur vos larges pentes
Leurs javelots lumineux,
Pas plus l’ardente lumière
Que l’orage sombre et fort
N’ébranlent vos cimes fières
Plus hautaines que la mort.
***
Galops fauves de cavales !
Hennissements d’acier clair !
Le fouet strident des rafales
Serpente dans des éclairs.
Les légers obus qui passent,
Dans leurs bonds capricieux,
Semblent, à travers l’espace,
Des poulains malicieux.
Et les marmites poussives,
Avec des renâclements,
D’un pas oblique, les suivent,
Comme de vieilles juments.
Et les torpillent s’abattent,
Tels des buffles aveuglés
Tombant sur leur quatre pattes
Au milieu d’un champ de blé.
Montagne altière des âmes !
Pur sommet victorieux,
D’où jaillit, comme un dictame,
L’héroïsme impérieux,
Lorsque les assauts stupides
Des ouragans épuisés
Sur vos hautes pyramides
Ont fini par se briser,
Quand les espaces renaissent,
Et qu’un soleil réchauffant
Efface par sa caresse
La trace des ouragans,
Quelle sublime ironie
Éclate en vos fronts hautains
Sous la lumière infinie,
Et quel tranquille dédain !
Les mamelles des nuées
Pendent à vos flancs profonds,
Comme des outre vidées
Qu’on fait sécher au plafond.
Du haut de vos silhouettes
Où la blancheur des torrents
Fait des transparences, nettes
Comme un regard pénétrant,
Vous vous penchez, rassurées,
Pour voir flotter sous les cieux
Les carcasses déchirés
Des chevaux vertigineux.
***
Et, tout au long des tranchées,
Déjà se montrent, railleurs,
Les figures mal léchées
De tels poilus batailleurs.
On s’interpelle ; on se conte
À voix basse ses frayeurs ;
Chacun dit, sans fausse honte,
Qu’il voudrait bien être ailleurs.
Et comme, au sortir de la classe,
Des écoliers échappés
En se bousculant ramassent
Un fruit qu’on leur a jeté,
Eux, en d’épiques poursuites
Et de joyeux corps à corps,
Au fon des trous de marmites
Où la terre fume encor,
Fouillant, parmi les risées,
Les mottes su sol noirci
Où se cachent les fusées
De cuivre et d’acier roussi,
Ils se disputent, agiles,
Au danger, n’y songeant plus,
Les fers tombés dans l’argile
Du sabot noir des obus.
A+JYT
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Quel texte, Sékaijin.
N'oublions jamais, non
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