Forum Grand Corps Malade et slam

J'ai le faciès grillé d'office
de la couleur au pif, impossible de nier mes origines
mais j'en suis fier, ma couleur de peau fascine
le mélange d'une blanche et d'un noir, rien de plus facile
il y a 500 ans, j'aurai connu le bûcher
en plus d'être métis, je suis roux et gaucher
tu parles d'une poisse
heureusement pour moi, le temps à passer
j'ai vu le jour en 87
les étrangers ne se cachaient plus comme des insectes
depuis Rosa Parks,
ils s'affirment même dans les transports en commun
mais quand même, faut pas déconner se disent les humains
on acceptent ces animaux dans notre pays
et ils osent encore désobéir
et encore, eux ne sont pas les pires
non, la sale race vient d'Afrique du nord
ces gens la sont dénués d'honneur
donneraient leur femme juste pour un peu d'or
leurs fils trainent tard dehors jusqu'à pas d'heure
et te crèvent pour un baladeur MP3
enfin c'est ce qu'on dit hier soir les médias
mouais... a les entendre, un étranger
est bestial, sans états d'âme
débile, juste bon à frapper sur un tam-tam
et quand il fait gagner son équipe de foot,
la, on sort le champagne
si vous saviez, petit, j'avais honte
ma couleur de peau sans cesse associé au Tiers-monde
la télé a toujours montré les mauvais côtés
guerre, famine, pauvreté m'avais dégouté
petit, je voulais être blanc comme ma famille maternelle
l'africain, un attardé mental a interné
mes mots sont durs mais t'inquiète, papa, je regrette
j'étais jeune et abruti par ces médias de merde
je n'oublie pas, mes racines s'étendent
des deux côtés de la Méditerranée
il y a cette Côte d'Ivoire, qu'un jour, j'irai voir
et il y a cette Belgique, la ou je suis né
de la Wallonie à la Flandre en passant par Bruxelles
orages et éclaircies se disputent le ciel
tensions nord-sud
ici, on réponds aux coups de bec par des morsures
pauvre Belgique, divisée entre coqs et lions
je sais, sa serait plus simple si on s'alliait
mais, les flamands nous matent comme des aliens
putain, nous on fait pareil
faudrait réveiller ce sentiment national comme en 1830
et combattre nos vrais ennemis, l'État et ses ministres
que ces connards en tremblent
le jour de la révolte, il n'en restera que des cendres
voila, au final, je mélange tout mais je m'en fous
ce texte, c'était juste pour dire
que toi, moi, lui, elle, vous
nous sommes tous des êtres humains
l'individualisme nous a dévié de notre chemin
la société, elle nous a apprit à craindre l'étranger
à croire en tout ces stéréotypes et clichés
nous sommes divisés par la différence
la couleur de peau et la langue n'en sont que des exemples
ça en devient désespérant
à croire que l'on se plait à garder le rôle des perdants