Forum Grand Corps Malade et slam

nicole · 24-11-2010 17:07:26

Seb, qui fait du recencement ici http://www.grandcorpsmalade-fan.net/for … 508#p42508

seb de blancmesnil a écrit:
QUEL BONHEUR!

J’ai découvert le monde en l’espace de deux heures
Et visité des villes quart d’heure après quart d’heure
En arpentant cette tour je me sentais bien seul
Dans cette tour planté là, au milieu des tilleuls.

L’immeuble me semble vieux, usé et même vétuste
Des gens m’interpellent même pour me dire qu’ c’est pas juste
Moi je dois faire ma quête aux petits bulletins rose
Car pour le recensement, de peu d’ temps je dispose

J’entreprends la montée, étage après étage
Et pour chaque demeure je me mets à l’ouvrage
Je présente ma requête et donne mes papiers
A chaque appartement, je ressors gratifié

A chaque appartement son monde et sa culture
Des que la porte s’ouvre, l’odeur des repas me capture
Mafé pour le deuxième, couscous au quatrième
Blanquette pour le onzième, et au troisième des nems

Je découvre des enfants, avec des gueules d’amour
Ils chantent des chansons ou jouent dans le séjour
J’ai le cœur tendre c’est vrai, mais ça me fait craquer
A faire disparaître ma mauvaise humeur ils sont arrivés

Tant de portes, tant de mystères
Et je découvre autant d’univers
Quelques uns m’ont marqué, je vais vous les décrire
Sans jamais me moquer, même si ça fait sourire

J’me souviens de Fernand, attendant sa marquise
Il a l’air moribond, le ton non convivial
J’ sors un beau sourire et l’attitude requise
Et le bonhomme déridé devient alors jovial

L’appartement suivant m’emmène à Bamako
Amadou 60 ans pris dans un quiproquo
J’suis passé d’ la police à l’agent d’edf
Avec lui faut faire vite et surtout être bref

Pas l’ temps pour les papiers, par contre il aime parler
Assis sur le divan, en savourant le thé
Il me parle de ses fils et de son inquiétude
Il aimerait qu’ le dernier poursuive ses études

J’ai vu le taj ma al au quatrième étage
Chez un monsieur agé à l’attitude sage
Le curry, les épices envahissent mes narines
Et j’aperçois madame au fond de sa cuisine

Humble c’est le mot qui les définit bien
Cette famille t’offre tout bien qu’elle n’ait presque rien
Mais le sourire constant me satisfait pleinement
Je remplis avec eux les nombreux documents

Bienv’nu en Jamaïque, chez l’ cousin d’bob Marley
Y avait tell’ment d’ fumée que j’ai cru qu’ ça brûlait
Un gars aux yeux tout rouge revenu d’Amsterdam
J’en sais pas beaucoup plus j’ l’ai surnommé quidam

Je me souviens d’ Mathilde qui m’ parle de son enfance
Passé près de Vesoul, c’est sur que c’est pas d’ chance
Elle propose un café, je refuse, elle insiste
Avec des p’tits gâteaux, impossible que j’ résiste.

Et cet appartement cachant un lourd secret
Deux personnes semblent y vivre mais l’un reste discret
Je devine l’histoire ; l’amant chez sa maîtresse
Je me fais le complice sans le mettre à l’adresse

C’est ainsi qu’ j’ai vécu ce nouveau recens’ment
J’y ai pris tell’ment d’ plaisir j’ vous assure franch’ment
Tant de richesse en soi, tant d’amabilité
Qui m’offre une réplique aux grandes débilités.

Cette tour là est peuplée de gens vraiment charmant
Merci d’ m’avoir reçu vous tous si gentiment.

nicole · 24-11-2010 17:09:32

seb encore, un peu moins gai http://www.grandcorpsmalade-fan.net/for … 157#p49157

seb de blancmesnil a écrit:
Bon c'est un premier jet, je le modifierai certainement pas malà force de le relire.

J’habite dans un immeuble au reflet de la vie
Ou se croise l’aigreur, l’amour et puis l’envie
Ou raisonnent les mots de charmants, d’impolis
J’habite dans un immeuble au reflet de la vie.

Comme toute bonne société, l’immeuble est hiérarchique
Plus on monte en étages, plus les apparts sont chiques
L’ambition de chacun, accéder au plus un.
Le quotidien de tous, critiquer le moins un.

L’ascenseur s’rait en panne du moins pour s’élever
Mais paraît qu’ c’est pareil dans toute la société
Alors pour progresser, il reste l’escalier
C’est par cette passerelle que mes voisins sont liés

Tous le monde est à sa place, personne ne se mélange
Echanger entre étage est un acte qui dérange.
On évite cui du d’ssous, on espionne cui du d’sus
On s’ forge sur les voisins, des idées préconçues

Le couple du premier, vient d’ se faire expulser
Les sourires des malins, m’ont soudain révulsé
des loyers impayés, trop de charges en attente
Pour eux très savonneuse, semble devenir la pente

Le gars du quatrième, à l’allure bohémienne
S’acoquine d’une blonde habitant au dixième
Discret, mais su de tous le secret fait converser
Et s’il la fréquentait juste pour progresser

Et moi je vis dans l’escalier, je monte et je descend
Je suis avec les pauvres et pourtant bleu de sang
J'écoute tous le monde je suis un confident
Je vis dans l’escalier et mal je me sens.

Le nouveau du huitième semble bien ambitieux
Les voisins du neuvième le disent même vicieux
Ils ont peur qu’il accède à leur niveau social
Alors ils entretiennent une relation glaciale

Cette même relation qu’ils avaient du subir
Quand ils purent progresser et ainsi s’anoblir
A l’époque ils disaient que c’était malhonnête
Que réagir comme ça est l’attitude des bêtes

Les nobles du seizième sont loin de ces histoires
Tout ce remue-ménage n’est rien qu’un dépotoir
Leur seule crainte à ces gens, c’est qu’en remuant les ordures
L’odeur de leurs querelles vienne mêler leur air pur.

Alors ils se méfient, ils se structurent et s’organisent
Et ils font engager un gardien à leur guise
Le genre sévère qui ne tolère aucun vacarme
Et qui pour se défendre pense à légaliser les armes.

Et moi je vis dans l’escalier, je monte et je descend
Je suis avec les pauvres et pourtant bleu de sang
J'écoute tous le monde je suis un confident
Je vis dans l’escalier mais mal je me sens

Les anciens du troisième ont connu toutes les guerres
Celles pour s’élever et celles, ça va de paire,
Qui font dégringoler, de plusieurs étages
Qui rendent les locataires alors bien fou de rage !

J’aime m’ntret’nir avec ces encyclopédies
Ils me content tellement bien toutes ces comédies
Le scoop du jour devient, avec eux, qu’une réplique
D’une histoire très ancienne, remis en place publique

Au douzième, vit un homme aux tendances féminines
Il est haut en étage mais bas dans leur estime
Des sa porte franchie, les commères rappliquent
Déblatérer des ragots sur ses pratiques phalliques

Au seizième encore eux, vit un couple en rupture
Cachant leur différents, passant pour des pointures
Lui, ventant ouvertement sa réussite sociale
Bien qu’il ne maîtrise plus sa vie matrimoniale

J’habite dans un immeuble au reflet de la vie
Ou se croise l’aigreur, l’amour et puis l’envie
Ou raisonnent les mots de charmants, d’impolis
M’enfuir et m’échapper, telle est mon envie.

Mais moi je vis dans l’escalier, je monte et je descend
Je suis avec les pauvres et pourtant bleu de sang
Je parle avec tous le monde je suis un confident
Je vis dans l’escalier je suis un chat persant.

nicole · 24-11-2010 17:11:51

Petite_fille ici http://www.grandcorpsmalade-fan.net/for … 013#p45013

petite_fille a écrit:
MES VOISINS

J’m’souviens du premier qu’j’ai connu dans le hall marbré
J’étais là à attendre pour emménager avec tous mes paquets
Pour m’souhaiter la bienvenue j’crois bien qu’il m’a appelée Trésor
J’ai pas franchement relevé, interloquée et impressionnée par le nouveau décor
Mais faut l’voir revenir en tenue de cycliste le dimanche soir,
Je vous laisse l’imaginer, en collant fluo, moitié Coffe, moitié Bigard…

J’avoue qu’j’ai trouvé une super solution pour me faire des amis dès mon arrivée,
Ben, facile, il suffit de faire appel à Darty pour mettre en route la machine à laver.
Et puis attendre un peu, que le joint pète et les arroser surtout quand ils sont partis
Ah oui, j’insiste pour le faire en leur absence, histoire que la moquette soit bien moisie.
Sinon c’est pas marrant, mais… c’est comme ça que j’ai connu Blandine, du 4ème.
Elle m’en a pas voulu, son relooking digne de Déco, elle s’l’est fait payé sans problème.

J’l’croise souvent à mon étage celui qui m’soupçonnait d’bosser à Intermarché
C’était pas lui, c’était sa femme qui lui avait dit qu’elle m’avait remarquée
Ah les rumeurs vont bon train… depuis, il croyait que j’avais déménagé
Il me voyait plus, à la retraite, il avait rien d’autre à faire qu’s’en inquiéter
Bah c’est vrai, j’ai changé d’horaires, plus vraiment ceux d’un fonctionnaire,
Avec un nouveau statut, plutôt ceux d’working girl que d’une secrétaire

J’regrette Jeanne et Juliette, ces mini tornades qui couraient dans mon couloir
Elles me manquent avec leurs petites bouilles roses et leurs longs cheveux noirs
bah ouais, moi j’ai pas de gosse, alors je profite seulement du sourire de ceux des chanceux
depuis qu’elles sont parties, c’est glauque à l’étage, n’entend plus que des toux d’cancéreux
C’était quand même sympa les rires et les courses des gamines le dimanche après-midi.
Même si, j’vous l’dis, y a certains week-end où j’aurais bien dormi…

J’vous ai pas encore parlé de la pochtronne qui entretient un mec plein de dettes ?
Coffe m’a raconté leur vie dans l’ascenseur, j’sais pas pourquoi, j’dois avoir une bonne tête
Il m’a même conseillé d’faire pareil, m’trouver un vieux riche, histoire d’être à l’abri
Vous l’aviez déjà compris, il est terrible, mais sur coup-là j’ai quand même bien ri
En plus d’avoir son mec plein d’dettes, la pochtronne, elle a aussi un grand fils
Ben y a fallu qu’elle me l’présente, « comme je l’aime, tu vois comme il est beau mon fils ».

J’ai la chance, aussi, tout comme vous, j’en suis sûre, d’avoir une voisine qui crie la nuit…
Vous saisissez de quoi je parle, elle crie de joie et pas toute seule, quand … elle jouit
Celle-là, je lui mettrais bien un taquet, question isolation, j’lui en tapisserais une belle couche.
Elle peut pas retenir un peu son bonheur, un peu de pudeur pour les « laisser sur la touche ».
J’abuse un peu, j’suis pas une sainte moi non plus, j’m’laisse parfois un peu aller.
Juste qu’la nuit, bah c’est vraiment chiant d’être réveillée par des cris d’amour déchaînés.

Je vous passe les détails sur la mamie qu’on a retrouvé inanimée devant sa porte
Allez, je vous raconte quand même, parce qu’au final, la pauvre, elle est bien morte.
Je l’aimais bien, la petite dame au caniche blanc, mais elle avait l’air malade depuis qqs temps
J’lui ai même porté ses sacs un jour qu’l’ascenseur a décidé de nous laisser en plan
Alors ce jour-là, quand il a ouvert ses portes une dernière fois pour elle sur la civière
Ben, j’crois que j’ai compris qu’elle irait plus promener Sammy, la petite mémère…

Alors j’insiste pas sur tous les autres, les discrets, les gueulards ou les charmants
J’les entend parfois, s’quereller, s’aimer, s’féliciter, s’en aller s’promener ou au marché
Y en a bien qqs uns qui cassent des assiettes, je crois même avoir vu voler des fourchettes
J’les connais pas tous, pas le temps ou pas l’envie, et parfois je l’regrette
Eux non plus ne savent pas forcément qu’j’existe, qu’ils m’cotoient sans m’voir
Bah oui, j’aime bien rester dans mon cocon, protégée dans ma tour d’ivoire.

nicole · 24-11-2010 17:13:13

nouga ici http://www.grandcorpsmalade-fan.net/for … hp?id=4973

nouga a écrit:
Bâtiment A d’une énième cité
Hall d’entrée, aucune trace d’humanité
La couleur l’a même déserté
Et les boites à lettres explosées

Il y avait celle de madame Rose
Eternelle suffragette qui prend la pose
En attente d’amour, ou de mots
Qui auraient ce pouvoir, ce distinguo

Celle de Farid, le plus rapide
En attente de RSA, il dilapide
Le jour même, ses maigres revenus
Lui le travail ne l’a jamais revu

Celle des Boubacar qui prennent le bus
Famille nombreuse, avec en sus
Des cousins éloignés, dispersés
Mais qui savent toujours ou est la porte d’entrée

Celle de la famille de Lola, les Portugais
Discrets ils quittent le quartier, faut travailler
Elle, elle attend maquillée le casting
Qui fera d’elle la star du prochain camping

Celle du vieux célibataire, drôle de manières
La rumeur dit qu’il a mauvais caractère
Doit pactiser avec les condés zélés
Ceux qui hantent la cité, en toute liberté

Celle de Marcel, dit le petit rosé
Il a des actions dans un rayon supermarché
Il boit pour oublier, le passage a l’euro
C’est vrai que les prix depuis c’est pas cadeau

Celle ou il n’y avait pas de noms, boite bidon
Servant pour des arnaques et autres opérations
Jamais inquiétées, les transactions tarifiées
Les pigeons se comptent par milliers

Celle de mamy gâteau, la mamy chocolat
Qui se fait livré en palette, les pots de Nutella
Son appart est squatté, c’est mieux qu’a l’école
Ici pas de punition, pas d’heures de colle

Celle de musicos, qu’on ne voit jamais le jour
Sont dans un trip de rifs, loin de l’amour
Plutôt alternatif le rock, a mort le disco
Les sons ont pris des tons mieux que tata yoyo

Celle du malade, un grand, laryngectomisé
Qui depuis gribouille sur des bouts de papiers
Proses, poésies, ou peut être aussi l’esprit slam
Enfin il s’occupe pour chasser ses états d’âmes

Alors vous comprenez, sans boites à lettres
L’angoisse s’est emparée, faisant naitre un mal être
Car plus d’identité dans cette société
Peut prendre des allures, du parfait immigré

nouga · 24-11-2010 19:49:07

super ces textes
merci

nicole · 11-04-2017 16:25:32

http://www.grandcorpsmalade-fan.net/for … p?id=12891
Miss et moonz visitent leur immeuble

Forum Grand Corps Malade et slam

Annonce

#1 24-11-2010 17:07:26

Vos voisins de l'immeuble...

seb de blancmesnil a écrit:

#2 24-11-2010 17:09:32

Re: Vos voisins de l'immeuble...

seb de blancmesnil a écrit:

#3 24-11-2010 17:11:51

Re: Vos voisins de l'immeuble...

petite_fille a écrit:

#4 24-11-2010 17:13:13

Re: Vos voisins de l'immeuble...

nouga a écrit:

#5 24-11-2010 19:49:07

Re: Vos voisins de l'immeuble...

#6 11-04-2017 16:25:32

Re: Vos voisins de l'immeuble...

Pied de page des forums