Forum Grand Corps Malade et slam

Il pleut et je'suis assise par terre
La tête entre les mains
J'me suis mise la misère...

Je peux me lever et rentrer
Mais j'en est pas envie
Et puis j'suis toute mouillée...

J'suis seule et j'ai froid
Mais j'ai pas peur tu vois
J'ai pas non plus envie de réfléchir sur moi
Je'm'isole et je regarde la vie du haut d'un toit
les couleurs de la nuit reflètent bien des choix
Et quand on passe minuit elles alourdissent ma croix
A ces heures matinales tout change même les bruits
On croise banal et vaginal et puis on voit le fruit
Celui qui'est défendue pour lequel on rougit
Celui qui fait triper, avec lequel on rit
Comme une métamorphose nocturne désirée
Inévitable déchéance d'une conscience mal barrée
Une errance des carences où meurent les vieux clichés
Sans cesse renouve'llés par de nouveaux péchés
Une ballade un peu bancale qu'on a apprivoisé...

Il pleut et je'suis assise par terre
La tête entre les mains
J'me suis mise la misère...

Je peux me lever et rentrer
Mais j'en est pas envie
Et puis j'suis toute mouillée...

Sans être superficielle je me sens sale et moche
Je devrai me réjouire de vivre mais y'a quel'que'chose qui cloche
J'suis toujours à la case départ sans un dollar en poche
J'voudrai vider ma tête de ses souve'nirs, de ses reproches
Des "si j'avais sus" qui ont lesté mon coeur de roche
Des "je n'en peux plus" clamés depuis qu'j'suis gosse
De cette absence parentale parce que pour bouffer on bosse
De ses pulsions inavouables aux images trop atroces
De cette morale à deux balles qu'on m'impose par la force...

Il pleut et je'suis assise par terre
La tête entre les mains
J'me suis mise la misère...

Je peux me lever et rentrer
Mais j'en est pas envie
Et puis j'suis toute mouillée...

J'ai peur de moi et des autres, du mal que ça peut faire
Des blessures volontaires et de l'odeur des enfers
Je me'suis enfermée dans ma tête et son déccor macabre
Pas à ma place même dans une fête, j'préfère rêver au pied d'un arbre
J'suis lunatique et j'fais semblant de sourire au grès du vent
Je'peux pas toujours maudire le présent
Pour une vie de famille je me rend
Je plis des chaussettes, bois du café en dosette
j'achète des serviettes assorties à ma table et ses sets
Mais j'suis pas là pour ça
Je ne'vibre pas pour ça!
L'ennuie emboite le pas de ce rythme raplapla
Le quotidien me tuera si la nuit je ne peux pas
Extasier tout mon mal d'être, sans me jeter par la fe'nêtre
J'ai mis les doigts dans la prise, avalé du détachant
J'ai fais un tas de'conneries et me voilà avoir 30ans
Toujours dans la même merde cérébrale'ment parlant
Double vie, triple vie, j'ai pas peur des juge'ments...

Il pleut et je'suis assise par terre
La tête entre les mains
J'me suis mise la misère...

J'vais me'lever et rentrer
Pour ma propre survie
Et puis comme les larmes j'ai séché...



EkimoZ