Forum Grand Corps Malade et slam

De la nouvelle viande est arrivée ... Il faudra maintenant la laisser se détendre, travailler, s'oxyder avant de pouvoir l'exploiter, avec le temps, on la laissera mariner, faisander, macérer pour qu'un jour, un jeune enfant dont la palais n'a pas encore été éduqué aux saveurs, aux valeurs, ou un jeune enfant sot tout simplement fasse un beurk beurk de dégout sur une belle pièce de faisant marinée ...
Quand j'étais petit, je me souviens de cet homme grand qui avait du être beau, il portait toujours le même béret sur la tête, il habitait à la cloche de bois. Il avait été avocat, un grand maitre du barreau, mais deux petites choses se sont mises à tourner à l'envers dans sa vie .... et tout a basculé ... Bien sur que l'on peut rire des  Sans Travail Fixe ... mais à bien y regarder ... il n'y a pas de quoi rire ....
" Rien n'est jamais acquis à l'homme ni .... " Georges Brassens
N'oublie jamais que tu ne sais ce que tu seras demain .....

Grand-père du placard

Tous les matins il se levait à la même heure,
Faisait le café, préparait le déjeuner,
Il posait sur la table, le pain et le beurre,
Comme pour préparer une bonne journée,
Il posait, pour chacun à sa place, un couteau,
Une cuillère et un bol en guise de cadeau,
Il posait pour chacun une tranche de pain
Comme une invitation à vivre un nouveau matin.

Sans faire de bruit, ensuite il quittait la maison,
Et tranquille, montait dans son vieux camion
Pour rejoindre ce qu’il appelait son travail,
Pour être là tout simplement vaille que vaille,
Dans un grand bureau rempli de visages vides,
Dans son petit placard tout au fond du couloir,
Dans un grand bureau qui jour après jour se vide,
Dans son petit placard couleur de désespoir.

Il était devenu ami des araignées,
Et patient, croyait encore au travail bien fait.
Il avait en son temps dirigé un beau bateau
Et savait comment il fallait monter à l’assaut
Des cordages, des voiles,  des mats ou prendre un ris,
Aider à la manœuvre réparer une avarie,
Il savait comment faire avancer un bateau
Pour que tout le monde chante bien et hisse haut.

Mais les temps ont bien changé, ont évolué,
Le vent de l’individualisme a soufflé,
La pluie de l’égoïsme à tout fait rouiller,
La méthode dite américaine l’a emporté,
Tout n’est que statistiques et belles apparences,
Soumission, dénie, orgueil et incompétence,
Les temps ont bien changé, ont évolué
Faisant fi des hommes et du travail  bien fait.

Il n’y a rien de plus important maintenant
Que briller, s’afficher et se mettre en avant,
Alors, bien sur que face au bel hongre servile
Le vieil âne est qualifié d’imbécile,
On lui porte même des coups de pieds au ventre,
On lui préfère le castré plutôt que l’entier,
On le casse, on le brime pour que ça rentre,
Mais lui en silence continue de penser.

Tous les matins il se levait à la même heure,
Faisait le café préparait le déjeuner,
Il posait sur la table le pain et le beurre
Comme pour préparer une bonne journée,
Tous les matins il se levait de bon pied,
Pour l’exemple, de continuer à aimer,
Pour l’exemple , de continuer à donner,
Pour l’exemple de continuer à penser.….

        Vincent V

Dernière modification par Vincent V (14-02-2009 10:28:03)