Forum Grand Corps Malade et slam

Allez, je me lance.
Depuis plusieurs mois que je parcoure ce forum en invité, je me décide enfin à vous faire partager un de mes textes.
Quand ma femme m'a quitté après 20 ans de vie commune, j'ai eu TRES mal et ce texte est sorti en quelques minutes. Il n'est peut-être pas très structuré mais il m'a permis de "lacher" une émotion. C'est quand même ça la force du slam, non ???


L’oiseau

En m’baladant y’a 20 ans, sur les plages de mon quartier,
J’ai ramassé un oiseau frêle et complètement mazouté.
Je l’ai emmené avec moi et j’lui ai dis qu’j’allais l’faire vivre
Je lui ai promis un amour beaucoup plus beau que dans les livres.

Petit à p’tit cet oiseau s’est bientôt mis à gazouiller
En confiance il a ensuite, essayé de se nettoyer
Son plumage s’est embelli, il a continué à se battre
Pour vivre et tout oublier de son passé un peu saumâtre

Dans la volière de mon cœur, de branches en perchoirs il volait
Il s’ébattait avec bonheur, s’amusait, s’ébouriffait.
Je me souviens d’ces années, particulièrement d’ces moments
Où posé sur mon épaule, il m’offrait ses roucoulements

Et puis, il y a quelques temps, il s’est soudain mit à rêver,
De sortir de sa volière, et au vol libre de s’essayer
Il m’a expliqué son projet, m’a demandé d’être avec lui
De courir à ses cotés, sous le soleil ou sous la pluie

Je lui ai dit « j’vais essayer », mais c’était plus fort que moi,
Pour moi chaque heure passé dehors me semblait durer un mois,
En courant, j’avais trop peur, sur quelque chose de glisser,
Ou pire encore, au coin d’un bois, le grand méchant loup rencontrer.

Mais l’oiseau ne pouvait plus rester engoncé dans ma vie,
Il avait besoin de grand air, d’aller construire un nouveau nid.
Il devait maint’nant s’envoler, aller plus haut vers le soleil,
Pour chauffer son petit corps, pour voir le monde et ses merveilles.

Je l’ai regardé s’éloigner, j’avais très peur pour moi, pour lui,
Que le soleil lui brûle les ailes, qu’il ait un accident d’la vie
Je craignais qu’il apprécie, qu’il ne revienne plus se poser,
Dans mon jardin, près de moi, près d’mon p’tit cœur tout déchiré

Et puis je me suis allongé, j’ai respiré, écouté,
Les odeurs de la nature, le bruit de la liberté,
J’ai pris le temps de réfléchir et j’ai regardé mon oiseau
Virevolter en liberté, il était tellement plus beau.

Dernière modification par Laurent78 (16-10-2008 00:13:48)