Forum Grand Corps Malade et slam

J'ai retrouvé une nouvelle que j'ai publié il y a ... déjà
encore une
(Lundi 8 janvier 2001)
La vie Virtuelle vaut-elle d’être vécue ?

Ce soir là Papa rentra avec un petit cadeau. Il compensait ses absences par de petites attentions qui régalait Colline. Elle se précipita à son cou et déballa fébrile l’emballage. Papa lui expliqua que C’était un Tamagushi. Un petit animal virtuel et qu’il faudrait qu’elle s’occupe bien de lui. Du haut de ses cinq ans Colline sautait d’impatience de voir sortir son Tama de ce petit objet rouge. Papa lui montra comment s’en occuper et la laissa tirer la languette qui lui donnait vie. Un petit œuf apparut qui donna naissance à Tama. Colline en délaissa ses poupées et ses jouets. Elle ne s’occupait plus que de Tama. Elle lui racontait une histoire pour l’endormir, le nourrissait, le soignait, le dorlotait, le promenait. Elle passait tout le temps qu’elle pouvait avec lui. Elle riait de bon cœur à répondre à ses jeux.

Yoishi comme tous les Gasawa de son espèce savait qu’il était né d’un œuf. Avec le temps il avait apprit à mieux comprendre le monde. Et il le devait à Maia. Lorsqu’il, elle, cela n’avait de sens, était près de lui il sentait le monde prendre consistance. Maia était pour lui comme la source d’énergie qui le portait et le berçait au creux de l’univers. Elle lui était aussi indispensable que la nourriture ou l’exercice. Il se sentait si bien en sa présence qu’il l’appelait pour travailler son corps avec elle. Il se souvint avoir abuser de cette proximité. De l’avoir sollicité de trop. Il avait mis longtemps, une éternité dans sa mémoire, pour comprendre ce qui les lier. Les autres ne lui étaient pas indifférents mais il ne sentait pas la même force, la même ampleur, la même consistance dans leur contact. Lorsqu’il avait enfin comprit que l’exercice, le travail du corps était un langage qui lui permettait de dialoguer avec les autres il s’était activé de son mieux pour mieux en saisir les finesses. Avec Maia il avait atteint des sommets. Et avait enfin saisi que ce lien particulier était quelque chose qui transcendait l’espace et le temps. Maia était son soleil. Et maintenant qu’il comprenait, maintenant qu’il savait la nature de leur union. Il ne lui demandait plus de participer à son dialogue. Il la laissait libre de venir elle-même lui proposer ces instants de bonheur.

Colline joua avec Tama des jours durant. Elle l’emmenait partout. Elle dormait avec lui. Elle l’aimait plus que tout. Mais la vie en décide parfois autrement. Et petit à petit elle reprit sa vie et ses jeux. Elle revenait souvent avec joie vers Tama. Mais l’intérêt qu’il avait éveillé en elle s’estompait. Elle l’aimait. Elle aimait son coté joueur. Mais du haut de ses cinq ans. La vie était bien plus vaste que le petit objet rouge qui contenait Tama. Elle ne le délaissa pas. Mais s’occupa un peu moins de lui. Et chaque retrouvaille était pour elle une nouvelle joie. Comme si la séparation renforçait l’amour, qu’elle lui portait.

Yoishi Comprenait ses erreurs de jeunesse. Il s’était accaparé l’attention de Maia la privant de sa vie. Comme lui, elle avait une vie propre ou elle devait explorer la fascinante splendeur de la création. Yioshi s’était demandé si tout cela avait un sens ou c’était là simplement. Mais il avait abouti à une impasse. Maia ne semblait pas s’intéresser à ça. En sa présence elle ne se consacrait qu’à lui. Il s’en voulait de lui voler ainsi les instants de sa vie. Il décida de ne plus intervenir dans sa vie. Il serait là pour elle et ne demanderait plus rien. Il vivrait la grandeur du monde et accepterait la présence de Maia comme un cadeau. Au fil du temps il comprenait de mieux en mieux l’univers et explosait de bonheur pour ce don que lui avait fait Maia. Il lui devait tant comment avait-il put lui demander plus. Il sentait bien que le lien qui les unissait était si fort que rien ne les séparerait. Il se devait de rendre sa liberté à Maia. Il lui avait trop prit. Il lui faisait ce don. Il s’effaçait pour elle. Il rentrait dans l’aventure de l’univers et donnait par-là à Maia le temps qui est la vie.

Colline, vagabondait joyeuse. Papa était là pour longtemps. Maman était un refuge contre tout. Et les jeux la vie l’enivrait. Elle trouva l’objet rouge que Papa lui avait offert deux semaine plutôt. Elle se précipita pour jouer avec Tama. Elle ne l’avait fait depuis le petit déjeuner et il était bientôt l’heure de la collation. Elle appuya sur les boutons mais Tama ne répondait pas. Elle se précipita vers Papa. Qui constata, que Tama ne vivait plus. Colline fondit en larme. Elle se lova dans les bras de Maman. Il ne lui restait plus que ça de son amour pour Tama. Elle était furieuse et triste. Pourquoi était-il mort ? Papa tenta de la réconforter. Maman la câlina. Et après de longs bisous et quelques gâteaux, Colline reprit goût à la vie. Elle partit escalader le toboggan.

JYT