Forum Grand Corps Malade et slam

Et bien voilà je viens d’éteindre la télé
Et c’est Zidane qui vient encore d’ nous faire gagner

Moi j’shoote dans une chaussette roulée,
Et met une volée dans le coussin du canapé.

C’est à chaque fois la même chose,
A chaque fin d’match j’ai cette pensée qui m ’rend morose !

J’me dis qu’j’aurais bien voulu être pro
Et j’pense à mon père qui n’appréciait pas trop

Pour lui footballeur rimait avec arnaqueur
Il ne voulait pas qu’son p’ it cœur fasse partie d’ces voleurs.

J’ai donc grandi, et appris et aussi menti
Car les mercredis, j’ m’enfuyais, pour faire quelques parties
les vendredis, j’ m’ éclipsais,  pour tirer deux trois penaltys
Enfin les samedis j’découchais, pour jouer jusqu’au bout d’ma nuit

Un jour un gars m’a repéré, il avait l'air de m’apprécier
Il semblait vouloir de moi, faire un bon ailier

Mon père lui, sans même sourcilier
Lui a déclaré, qu’il espérait mieux pour son p’tit dernier.

A partir de là le sujet devint inaudible
Et moi en cachette, j’perfectionnais mes dribbles

Puis à 18 ans j’ai craqué, il était temps
Et j’lui ai annoncé, probablement sur un coup d’ ang

Qu’à partir de maintenant, j’allais me manager
Et qu’c’est au ballon, que j’allais me consacrer

Là bizarrement, et un peu en bégayant,
Il m’a encouragé, m’a même félicité

Bon, pour être pro, j’suis pas mytho
j’sais bien qu’il fallait que j’ m’y prenne plus tôt
mais le foot m’a rendu diplômé
et c’est aux enfants que j’ai enseigné

j’leur apprends les dribbles, les passes et à prendre confiance
moi j’me sens invincible, j’ me surpasse, j’ suis en pleine renaissance


et puis dans les dernières années, si j’ me souviens c’était l’été
j t’ai entendu parlé d’ ton fils qu’apprenait les r’prises de volées
tu semblais fier, malgré ta perfusion,
mes pieds n’ touchaient plus terre, j’étais r’devnu un p’tit garçon.

Et c’est comme ça que ça c’est terminé,
Finalement c’est bien parce que ça avait mal commencé.

J’suis très heureux, j’suis pas amer
Je n’t’en veux pas, t’as été un bon père,

Et aujourd’hui comme toi j’trace des idéaux
Pour mon fils Matteo, que j’aimerais voir pro

Mais le passé reste gravé, et s’il m’annonce qu’il veut chanter
Danser, tricoter ou même dessiner,
J’le laiss’rai faire juré,
j’essaierai même de l’encourager.