Vous n'êtes pas identifié.
Quand je lui fais face
C'est la soupe à la grimace
Aucun pouvoir magique
Il réfléchit à l'identique.
Quelle que soit l'approche
Je ne perçois que des reproches
Je tente parfois l'esquive
Mais les yeux me suivent.
Je change de stratégie
Pénombre ou bougies
Faisant taire les contrastes
Cherchant un signe des astres.
Mais la réalité
Revient avec cruauté
Alors vient l'affront
Chaque défaut est sur le pont
Passé en revue,
Ca y est, il tire à vue!
Pas de répit ni de pause,
Moi, je me décompose,
Un sursaut, je lutte,
Je vocifère, l'insulte
Mais il reste de glace:
Tiens prends ça en pleine face!
Vois le temps qui file,
Et ton corps malhabile,
Les courbes devenues plis,
Bientôt les éboulis!
Me voici pitoyable,
Je me sens même coupable.
J'accepte cette dictature
Alors que ma nature
Rejette les apparences,
Les inutiles souffrances.
Viendras-tu mon amour
Voler à mon secours ?
Par ton aveuglement
Effacer mes tourments.
Que tes mains lissent mes traits,
Que ta bouche en secret
Murmure à mon oreille
Que je ne suis pas vieille,
Que mon cœur en cadence
Bat cette éternelle danse.
Brise ce miroir!
Objet de désespoir!
Je veux voir à jamais
Dans tes yeux mon reflet
Qu'ils me fassent la promesse,
D'éternelles caresses.
PS: merci à ceux qui me liront parce que je reconnais que de mon côté, j'ai très peu lu vos slam par manque de temps.
Dernière modification par Sophie du moulin (24-10-2016 16:44:25)
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C'est comme toujours un très beau texte ! Belle construction.
Très émouvant. On sent bien la peur sous-jacente, et même souvent la détresse...
Tu sais très bien traduire en mots les ressentis profonds. Et tout en finesse, toujours...
PS : je n'ai rien écris récemment donc tes commentaires ne m'ont pas manqué
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En effet, comme tu sais bien transmettre tes émotions! Elles font écho en moi et j'entends encore ma maman, partie à 82 ans. Elle avait du mal avec l'image qu'elle renvoyait, alors que pour nous ça ne comptait pas. Je la comprends de mieux en mieux et m'efforce de m'en détacher. Finalement c'est le regard des autres qui nous rend aimables et encore belles. Tu l'exprimes merveilleusement.
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dans les cavaliers de J. Kessel
un jeune et un vieil homme sur le toit d'un car montant les corniche des montagnes Afghannes,
son avec les autres en difficulté, le car monte plus et pourrais basculer dans le vide.
Le jeune dit au vieux : tu n'as pas peur vieil homme de mourir.
et le vieux, répond : J'ai déjà vu tant de chose, c'est normal que tu es peur, tu es jeune et il te reste tant à voir....
c'est en page 18 de ma collection ( flammarion, je crois). Très bon Auteur que Kessel.
bravo pour ton texte sophie.
Bravo, je ne sais quoi ajouter aux commentaires précédents.
J'y vois aussi la detresse sous jacente, d'autant que dans 2 posts récents de toi, tu parlais d'absence de beauté, ça m'avait marqué.
Dans les 1ers vers on ne sait pas trop de quoi tu vas parler, alors je me demande si "ses" yeux qui te suivent ne seraient pas mieux que "mes" yeux pour dérouter encore un peu plus longtemps.
La fin est magnifique, les yeux de celui qui aime sont un excellent miroir, qui fait du bien.
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Il est difficile à commenter ton texte Sophie, comme Nivole je ressens beaucoup de détresse .
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Nicole, tu as raison, moi aussi j'ai plus d'une fois répété ce vers sans en être pleinement satisfaite. J'ai modifié par "les" plus "neutre".
J'aime bien vos regards différents, ceux qui y voient de la détresse, ceux qui renvoient vers la vieillesse et la mort, ceux qui voient la tendresse de la fin. Parce que c'est tout ça à la fois.
Je n'ai pas voulu taire la tristesse qui m'envahit parfois devant un miroir et j'ai voulu par la poésie montrer à quel point parfois c'est cruel. Et pourtant les yeux du miroir, les reproches sont les miens et j'en ai conscience. Parfois je fais l'effort d'être bienveillante envers moi-même mais je ne suis pas très persuasive et seul mon homme a le pouvoir de me faire penser que je suis jolie et que mon cœur reste jeune c'est aussi cela que j'ai voulu mettre en avant.
MoonZ, je suis sensible au lien que tu fais. Mais moi ce qui me fait peur, ce n'est pas tant mourir alors qu'il me reste tant de choses à voir que de mourir seule. Et au fond quand Nicole et Sylvie y voient de la détresse, je crois que c'est la grande solitude face au miroir que je ressens.
Et effectivement Nicole, je ne me suis jamais trouvée jolie, jamais vraiment laide non plus mais je crois qu'enfant on essaie de trouver une raison concrète au manque d'amour et le manque de beauté est raison toute trouvée . A l'adolescence, je ne me suis pas trouvée plus jolie de "l'intérieur" non plus puisque le manque était toujours là et qu'il fallait bien lui trouver une cause. Aujourd'hui, je sais que la raison, la cause de ce manque d'amour , je ne dois plus le chercher en moi car je ne suis pas "moins quelque chose" que les autres mais les vieux réflexes ont la vie dure! Il n'y a plus qu'à briser tous les miroirs!
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Sophie tu sais la solitude, ça dépend de toi, tu veux savoir quoi ? que je passe mon temps à vivre dans un appart" clos pour pas on me voit, tu veux des échelles de colères et de péchés, tu crois tu es vieille et que cela mérite ça peine, je te manque pas de respect, nous construisons nos prisons, de la bouche des gens qui parle des remises de peines, votre système c'est votre peur matérialisée.
Je veux pas avoir peur pour toi, je suis fier d'échanger avec toi. le reste je m'en fous,c'est vrai, je suis un enfoiré, mais je mens pas. je m'en fous, tu es bien, vieille seule, triste, tu es là, tu dis ton ventre, tu veux je fasse quoi sinon le faire aussi, mais ça te suffit pas, parce que tu aimes ça la solitude, comme moi, ça nous donne de la constance, mon instestin grêle il est pas discret, il dépasse...
http://www.actes-sud.fr/catalogue/e-boo … estin-epub
https://youtu.be/R-fUmcWXuhk : Mais qu'est-ce qu'on s'en fout du roi du fou, nous c'est nous.
https://youtu.be/T4Nb5SiYvQ4
RAn d'Akira Kurosawa, dans ce film, le bouffon parle au Roi (RAN = roi lear de shekspeare, au Japon)
Le bouffon dit au roi un truc du genre sur la falaise : vous dites je suis fou, parce que j'essaye de tenir sur un rocher dans une pente, mais vous seigneur vous essayez de règner sur le Monde.
Je suis pas un méchant.
Dernière modification par MoonZ (24-10-2016 17:33:14)
Tu n'es pas méchant effectivement et tu as raison de dire que ce sont nos peurs qui nous enferment et qu'on se les construit aussi nous-même nos peurs et nos prisons.
J'ai parfois peur de la solitude et en même temps j'ai appris à l'apprivoiser et parfois j'ai moins peur de la solitude que du rejet et donc de ce fait je fuis aussi parfois les autres, bien sûr, la solitude me semblant plus "familière".
S'affranchir de ses peurs c'est un sacré défi dans une vie et s'affranchir de la peur du regard des autres est sans doute pour moi mon plus grand défi. Mais tu vois je vous donne à lire mes mots et mes maux ....j'y travaille donc Encore une quarantaine d'années et ce sera bon! Je serais vraiment vieille, toute cabossée, mais sans peur des autres!
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tu connais...
Je connais une Femme à paris elle est fatiguée, elle sourit à la mort en lui soutirant quelques deniers bien méritée a cause de parkinson... et cette femme qui impose la sagesse, comme les draps déposent sur l'enfant de la tendresse, cette femme m'a offert a manger et nuit. je ne l'avais jamais vu houla. je n'ai pas peur de ta vieillesse, madame sophie, j'ai peur de ce que tu sais de ta jeunesse.
et il y a une dame pareille qui me parle bien c'est elle
https://youtu.be/GlVrWsEUFGY
Salut Sophie !
Ton texte est bien ficelé, un bon rythme et il est très clair. On pourrait presque te voir dans ton miroir.
Les femmes sont soumises aux lois de la beauté, plus que les hommes.
Il suffit de voir toutes ces stars à visage tiré presque déchiré.
Les rides sont les expressions de l'esprit et du vécu.
Je trouvait Jeanne Moreau magnifique et d'autres encore pas transformées en inox par le botox.
Je te renvois à un film magnifique : Harold et Maud .
On peut tomber amoureux ou avoir une grande tendresse pour quelqu'un d'âgé.
On peut aimer se voir dans ses yeux, ressentir sa délicatesse,
Avoir envie de la prendre dans ses bras, la câliner,
Se blottir au creux de son cou pour être consolé des malheurs de la Terre.
Avoir envie de caresser ses cheveux et imaginer parcourir son corps,
Lui donner du plaisir pour en recevoir tout le retour.
On laisse là, les histoires de princesse et de prince,
On oubli les délires de jeunesse et la violence des sentiments.
On se laisse aller à la douceur de l'échange sans rêve absurde,
On profite du moment présent sans plan tiré sur la comète.
On déguste chaque instant pour oublier le futur si cruel.
Vieillir ce n'est rien....
Et il faut se dire que c'est une chance de pouvoir vieillir.
Aller, dessine un beau sourire sur ton miroir et il ne te fera plus de misère.
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S'affranchir de son passé et de ses incompréhensions d'enfant est également "un sacré défi".
Entre nous, je me disais que tes enfants pourraient être ta voie pour y arriver, et que tu y arriverais peut-être mieux que moi qui ai choisi de ne pas en avoir...
Mais ce n'est pas si simple !!!
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Sophie du moulin a écrit:
et parfois j'ai moins peur de la solitude que du rejet et donc de ce fait je fuis aussi parfois les autres,
+2 (mon fils se joint à moi)
40 ans, ce n'est pas vieux du tout! je le sais depuis que j'ai passé la cinquantaine, lol mais je me sentais vieille à 32 ans déjà
je suis touchée par tout ce qui est dit dans cette discussion, surtout le défi pour passer outre le manque de reconnaissance
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Comme souvent, Sophie nous a ouvert un beau podium de discussion !
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Merci Daniel. Oui je crois que les femmes sont davantage soumises (c'est d'ailleurs un mot fort, la soumission) aux diktats de l'apparence, de la beauté. Je ne suis pas plus mal à l'aise maintenant devant mon miroir qu'à 15 ans pour dire vrai, mais j'espérais que l'âge m'aiderait dans l'acceptation de mon reflet et finalement, je ne crois pas.
Sylva, c'est clair que dans ma façon d'être avec mes enfants , je fais tout pour éviter qu'ils aient les mêmes souffrances mais même si j'y parviens, ils en auront d'autres, c'est certain. Mais si je parviens à ce qu'ils soient mieux que moi dans leur peau que moi, je crois que ce sera quand même une petite victoire sur moi-même.
Oui Nicole, je crois qu'au fond on cherche tous à éviter le rejet. Nous sommes des mammifères grégaires, il ne faut pas l'oublier!
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C'est un très beau texte Sophie. Bravo!
Il me fait penser à cette citation:
"Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu plus avant de renvoyer les images." de Jean Cocteau
mais j'aime aussi penser ça "Mon miroir est mon meilleur ami, car lorsque je pleure, il ne rit jamais" de Chaplin.
(J'ai découvert une des deux sur le forum, mais je ne sais plus laquelle).
J'appuie la plupart des commentaires précédents.
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la 1ere, dans le topic citations sans doute.
J'aime bcp celle de Chaplin
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Excellentes tes deux citations, Miss!
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vraiment très beau du romantisme comme j'aime
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Je suis contente écriturienne que tu vois le romantisme du texte. Car c'est vrai que l'amour est très présent dans la fin de mon texte et que c'est le manque d'amour probablement qui m'a donné une image peu flatteuse de moi-même. L'amour guérit tous les maux.
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je te met ces deux citations qui correspondent bien au mot comme tu le decline
l'épreuve du miroir reste toujours le reflet ou l'on aimerait se perdre
Elle défit ses paquets, rangea ses bardes dans les armoires, se fit belle et se regarda dans une
psyché en acajou qui avait pour pieds des griffes de lion en bronze doré.
George Sand,
Elle se regarda dans la psyché, mais son trouble la rendait incapable de voir si la fausseté des perles sautait aux yeux.
Hector Malot,
Dernière modification par nouga (02-11-2016 12:00:22)
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