Forum Grand Corps Malade et slam

En préparation d'une intervention SLAM dans une école, je me suis laissé aller à une histoire du SLAM revisité...

Vous connaissez par cœur les histoires d’Aladin
Mais vous n’connaissez pas la version de Sébastien
C’qu’il lui est arrivé est vraiment incroyable
Ouvrez grand vos oreilles, accrochez-vous à vos cartables

Il vivait dans une ville, un peu particulière
Où régnaient l’orthographe l’écriture, la grammaire
La richesse se comptait, aux beaux mots, aux belles phrases
Et dans ce domaine-là, Sébastien était naze !

Il traînait dans les rues à la recherche du moindre mot
Qui lui permettrait, de s’offrir un p’tit macdo
Il demandait aux gens « un p’tit mot pour manger »
Mais aucun habitant ne souhaitait partager

Il faut dire que le roi de cette ville si bizarre
Etait un homme mauvais, mégalo et avare
Il s’aimait plus que tout, voulait tous les poèmes
Et exigeait des gens de payer en « je vous aime »

Alors chaque habitant, pour pouvoir s’en sortir
Essayait de trouver  un p’tit mot à offrir
Les phrases se faisaient rares, les mots disparaissaient
Plus les gens étaient pauvres et plus le roi s’aimait

Dans toute cette misère, Sébastien galérait   
A travers toute la ville, il fouinait, il errait
Un beau jour par hasard, il découvrit une porte
Ensevelie sous le sable, on aurait dit une grotte

Impossible à ouvrir tout semblait verrouillé
La grosse poignée de la porte était vieille et rouillée
En regardant d’plus près, il aperçut une phrase
« Quiconque apprend, côtoie la  liberté, quiconque lit apprend à s’émanciper ! »

Ouah, autant d’mots compliqués, c’était une vraie fortune !
Avec tout ça c’est sûr, il allait s’faire des tunes
Il essaya d’abord de s’en faire un butin
Il pourrait sans forcer le vendre sur le bon coin

Mais bien trop résistante,  il eut une autre idée
L’apprendre d’abord par cœur pour pouvoir la réciter
Il commença par dire cette drôle de citation
Et la porte s’ouvrit l’entraînant dans les bas-fonds

Un vieux barbu tout gris était là devant lui
Et se présenta comme étant un génie
Sébastien, sans l’vouloir venait d’le libérer
Il pensait comme vous que ses vœux s’raient exaucés

Le génie lui expliqua qu’à chaque mot, plusieurs sens
Qu’on le disait génie seulement pour ce qu’il pense
Il n’exauce pas les vœux, il montre la lumière
Permettant à chacun de choisir quoi faire

Il expliqua à Seb cet endroit pittoresque
Il lui dit que ça s’appelait une bibliothèque
Que l’ensemble des savoirs se trouvaient là sûrement
Et qu’il fallait seulement s’y intéresser doucement

Il lui fit découvrir tout d’abord l’histoire
Celle des hommes du passé, celle qu’on ne peut plus voir
Il lui fit enfin découvrir des richesses
Des chanteurs, des poètes tous remplis de sagesse

Insatiable de connaissance, Seb engloutissait chaque livre
Il aurait bu chaque poème jusqu’à s’en rendre ivre
Mais le sage l’avertit qu’il fallait rester soi
Ne pas se contenter de suivre mais de trouver sa voie

Le vieil homme disparut en donnant comme conseil
Qu’en matière de mots, seuls les sincères payent !
Qu’il n’y a pas plus riche phrase, que celle qui vient de soi
Et qu’importe le style, si la phrase libère la voix

Tous les livres s’envolèrent en même temps qu’le vieil homme
Ne restait bientôt plus, qu’un crayon et une gomme
Une feuille blanche tomba tout près de ses mains
Et Seb se lança dans son premier quatrain

Aspiré vers le haut, Seb revit la lumière
Il était revenu dans sa ville si austère
Tous étaient affamés, il n’y avait plus de mots
Le roi les voulant tous, devenu parano

Seb entra dans un bar, retrouvant un ami
Et ne sachant vraiment pas, comment battre l’ennui
Il monta sur une scène et lui dit son quatrain
Son ami devint riche malgré les mots urbains

Cette scène fut connue, d’autres gens se joignirent
Pour écrire des pensées et surtout pour les dire
Ils partaient tous plus riches et l’esprit plus serein
Et malgré les temps durs, tous ces gens souffraient moins

La technique fut connue et tous s’y essayèrent
Plus un mot ne manquait, plus une phrase n'était chère
Et Le roi devint fou, il trouvait ça infâme
Il fut destitué par c’qu’on nomma plus tard SLAM.

version corrigée... et entière  !!! Merci à ma correctrice !