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Un homme le regard morne
Semble ne plus voir personne,
Attend sans dire un mot
Tenant dans la main un numéro.
Sur lui, mon regard se pose,
Je devine que tout n’est pas rose.
Il doit voir son conseiller
Demain ce seront les créanciers.
Même dans les yeux de sa femme,
Il n’y a plus la petite flamme.
Depuis qu’il est au chômage,
Sa vie a fait naufrage.
Il a échoué sur cette rive,
Sans comprendre ce qui lui arrive.
Il s’avance péniblement
Pourra-t-il se relever maintenant?
Une femme, un œil sur la pendule,
Le corps nerveux, telle une libellule,
Attend impatiemment sur le quai
L’arrivée d’un être aimé.
Sur elle, mon regard se pose,
Je devine bien des choses.
Son cœur qui bat la chamade,
Cette absence qui la rend malade,
La joie de leurs retrouvailles,
Un amour, une passion sans faille.
Elle profite de ce bonheur,
Elle en connaît la valeur,
Sa devise, vivre au jour le jour,
Elle se méfie des toujours,
Prend ce que cet homme lui donne.
Il arrive, elle rayonne.
Parmi tous ces gens inquiets,
Lui ne cesse de bouger
Fait les cents pas dans le couloir,
Il n’a pas envie de s’assoir.
Sur lui, mon regard se pose,
Je devine que sa tête explose.
Pourquoi l’ont-ils laissé là ?
Elle, est entrée seule, dans ce bloc froid.
A leur arrivée,
Il était loin d'imaginer
Que ça virerait au cauchemar,
Qu’elle se retrouverait sur le billard.
Ce devait être le plus beau jour,
Il ne se sent d’aucun secours.
Une sage-femme, une porte qui claque,
Ses traits se détendent, il craque.
Immobile sous une pluie battante,
Le regard fixe sur cette porte géante,
Elle attend depuis un quart d’heure
Ce bref moment d’apesanteur.
Sur elle, mon regard se pose ,
De sa présence, je devine la cause ;
Elle rend visite à son fils.
C’est un repris de justice.
D’aussi loin qu’elle se souvienne,
Elle n’a jamais été sereine
Face à cet enfant compliqué,
Elle n’a jamais su trouver les clés.
Aujourd’hui encore, son sommeil
Est entrecoupé de réveils.
Bruyamment, la porte s’ouvre,
Elle chasse ses doutes, redevient louve.
Un jour, sans crier gare,
Ce sera pour moi le grand départ,
J’espère attendre au purgatoire
Traîner longtemps dans ses couloirs
Et que par ma curiosité ,
Soit un peu retardé,
Mon accès au paradis.
Trop peur d’y trouver l’ennui,
Plus grande punition que l’enfer,
Loin de tous ces gens ordinaires.
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scènes de la vie, avec ses joies ses drames, on est tous dans la file, vers une ile , et parfois fragile
bien vu
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Bravo pour ton super texte
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Très prenant, on en voudrait encore.
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La vie des autres, la nôtre, la vie pas toujours simple ...
Bravo a toi, émouvant et bien écrit .
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+1 avec Nicole, on se laisse prendre par cette énumération de morceaux de vie...
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J'aime beaucoup ce texte ... Bravo
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J'aime beaucoup aussi cette idée de file et ces morceaux de vie bien décrits. Ca me fait penser un peu au duo que j'ai eu le plaisir de partager avec Thanalie.
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