Forum Grand Corps Malade et slam

Je me souviens toute petite fille
Du berger allemand sur le dos duquel je montais,
Des premiers legos découverts chez des amis,
De l'entaille dans le genou qui m'a laissé une pâle cicatrice,
De la trottinette repeinte par mon cher papa pour Noël
De ma chute d'une chaise haute qu'on m'a racontée.
Une tête à faire peur semble t-il,
Ceci explique cela...
Une image d'école maternelle : un napperon bleu au point de croix,
Peu de jouets chez moi à cette époque.
Souvenir d'un chien en peluche élimée,
De trois poupées dont ma préférée, noire aux cheveux bouclées,
De patins à roulettes que j'utilisais sur la chaussée peu fréquentée,
Du vélo emprunté à une cousine, fièrement chevauché dans l'allée de terre,
Des carottes que je mangeais fraîchement cueillies,
Des doryphores récoltés sur les plants de pommes de terre,
Des jeux avec les voisins que je rejoignais par les jardins.
Pas de clôtures alors entre les terrains.
Des escapades jusqu'à un ancien relais de chasse,
Des frissons quand l'agent de police nous montrait le chemin de la sortie.
Nous appelions le château cette bâtisse entourée de murs et d'arbres.
Il avait tous les ingrédients des lecteurs du Club des Cinq.
Une autre époque !
Epoque où l'on prenait le temps de vivre pleinement chaque instant.
Pas de téléphone, pas de voiture ; mes parents n'ont jamais passé le permis.
De toute façon ils n'auraient pas pu s'acheter la voiture.
Très peu de télé, deux journaux dont un engagé.
La marche à pied naturelle pour aller à l'école, faire les courses chez les commerçants du quartier,
Rendre visite à ma chère grand mère maternelle.
Venue de Sardaigne avec mon grand père,
Qui laissa sa santé dans les mines de charbon,
Elle eut douze enfants, en perdit quatre.
J'en ai le souvenir ému d'une grand mère d'autrefois habillée de robes noires jusqu'aux pieds,
De longs cheveux ramassés en chignon,
Un doux visage de grand mère qui en avait vu, vécu des vies.
A près de cent ans elle oublia les dernières années et se replongea dans les temps de sa jeunesse.
Un papa engagé, de toutes les luttes.
Des parents affrontant la dureté de la vie, les difficultés financières, les privations avec courage.
Tout remonte en moi alors que je viens d'avoir soixante ans.
Non que je n'y pensais pas avant,
Mais il se passe un phénomène troublant à l'approche de la retraite.
Un peu l'heure des bilans, si vous voyez ce que je veux dire.
Je veux garder en moi ces souvenirs
Parties de moi, racines qui me font tenir debout.
Une certaine forme de nostalgie, pas de regrets.
Important pour moi de ne pas avoir trop de regrets,
Ni pour cette période ni pour celle plus longue qui a suivi.
Me souvenir pour continuer sur le chemin
Et me forger d'autres beaux souvenirs.



Je n'ai pas cherché à rimer, j'espère que ça va quand même. Juste laissé les souvenirs remonter.
Je suis prête à améliorer ce texte en fonction de vos conseils. Merci par avance.