Forum Grand Corps Malade et slam

Au début,
C’est une musique intérieure, une vibration sans mots,
Une présence qui me berce à mon propre tempo,
Puis des images montent des tripes au cerveau,
Finissent en explosions de lettres au bout d’un stylo…
C’est mon humeur, mes espoirs et mes peurs,
Ma douleur, mes couleurs, mon amour, ma douceur.
Une rencontre avec mon spleen et ma colère,
La synthèse de mon être et de la terre.

Ensuite,
Un tourbillon de poètes m’emporte vers d’autres sensations,
Je franchis d’autres portes même sans invitations.
Mélodies d’autres âmes, autres visions, autres sons,
D’autres voix, d’autres cris, autres frissons…

D’autres horizons,
L'étrange sensation de penser à l'unisson
Appréciant chaque mot à ça juste dimension
Mes sentiments s'envolent et changent de proportion.

Alors,
Les phrases coulent, les idées sont incandescentes
Dans mes yeux ou les tiens elles peuvent être différentes
J'écris comme ça se présente, sur la bonne ou la mauvaise pente
Tout ce mêle et m' interpelle, la thérapie est imminente...

Et toujours,
Cette mélodie sourde qui sonne au rythme de l’âme,

Eki, mon slam est noir, des fois je ne crois plus en l’homme.
Profondes blessures d’une cruauté qui n’est pas la mienne,
Regarde le monde et vois ce que l’on sème, ce que l’on s’aime…
Ma poésie est douloureuse même si ma vie est heureuse,
Trop de choses me tordent les tripes, je n’ai pas d’encre rose.
J’aimerais faire rire, mais le clown est triste.
Triste de voir l’humanité vendue pour quelques billets,
De voir nos consciences se cogner contre des écrans télé.
Triste de voir qu’on a craché dans nos mains tendues,
Qu’on livre des combats qui sont déjà perdus.
Mon slam est douloureux comme une balle qui fauche un innocent,
Mais il est ce que je vois, ce que j’entends, ce que je ressens…

NAS'R, j'aimerais te soutirer un sourire
Mais c'est pas ma spécialité, c'est ça le pire
Je n'est vu que trop tôt le monde qui m' entourait
Et ça fait longtemps déjà qu'il me donne la nausée...
A chaque mot, à chaque phrase, les mêmes constats, les mêmes combats
J'peux pas rester planter là, passive d'une vie qui s'évaporera
L'humanité, rêve de dollar, marche sur les autres pour un peu de pouvoir
Y'en a marre... de toutes ses paroles illusoires qui ferment les yeux pour ne pas voir
A quelle point les êtres humains ne savent plus tendre la main
L'avenir est incertain mais c'est pas une raison pour ne ‘plus penser à demain
Empathique de ce monde mon stylo est le seul assassin
J'aimerai tant que la lecture change au passage quelques destins
Car dans un coin de ma tête dansent les diablotins
Remplient de haine et de compassion, le paradoxe trop sanguin
En exposant nos plumes si noires, c'est nous qui rentrons en guerre
Alors sache, mon ami Nas'r, que tu n'est pas seul à croiser le fer
Nos maux oeuvreront côte à côte pour des jours plus salutaires
Nos slams sont sombres comme le noir d'une chambre d'enfant
Qui le terrorise tellement qu'il en claque des dents
Mais ils reflètent ce que l'on voit, ce qu'on entends, ce qu'on ressent...