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Voici un duo avec un fantôme… désolé, ça m’arrive parfois.
Ma femme avait une grand-tante qui est décédée en 1980 et a publiée deux recueils dans les années 1950. Ces livres ont toujours été dans la famille. Comme je suis le seul depuis deux générations à m’intéresser à la poésie, les livres ont atterris dans ma bibliothèque. À force de discuter tous les deux, on a finit par faire un duo avec un peu plus de 50 ans de décalages… mais c’est pas bien grave parce que le résultat est là . Voici donc le « soleil couchant » qu’Alice Tremblay-Lemieux et moi avons écrit.
Soleil couchant
Le jour oscille sur l’horizon.
Les derniers rayons du soleil se consument,
Rencontrant les premiers rayons d’lune
Juste au-dessus du toit des maisons.
On dirait qu’la lumière joue sur l’paysage.
Donne un spectacle d’éblouissantes couleurs
Qui s’harmoniseraient aux teintes des différents plumages
De tous ces oiseaux qui chantent comme un seul chœur.
Je ferme les yeux et j’pars en voyage.
Je rêve d’un jardin où l’on s’recueille.
Un jardin immense et sauvage
Avec des multitudes de fruits que l’on y cueille.
D’habitude je n’ose pas nommer les choses
Peut-être par crainte de les briser,
Comme du cristal qu’elles explosent
Parce qu’on en a trop parlé.
Pourtant mon cœur vogue sur un fleuve gigantesque;
Glisse comme un roi des îles sur une vague de bonheur.
Chaque jour je rencontre l’extase et je l’atteins presque
Depuis qu’avec moi dans ce jardin tu plantes des fleurs.
Je souhaiterai que le vent ne nivelle pas l’espoir,
Que la fraîcheur ne tombe pas comme un voile
Et qu’un instant retarde la tombée du soir
Puis l’avènement certain des étoiles.
Je sais que tu as perdu des bouts d’ton cœur
Dans l’labyrinthe de tes émotions;
Par amour ou par peur
Que tu as fais des milliers d’concessions.
Et tu sais qu’j’ai laissé des morceaux d’mon âme
Dans chaque bras qui m’ont serré;
Dans le profond des yeux d’chaque femme
Qu’une seconde j’ai aimé.
Je m’accroche si fort à ce fil tendu entre nous.
Ce fil auquel nous avons fait un nœud.
Et ce nœud qui résiste aux remous
Des chemins les plus cahoteux.
Puis à force je comprends les secrets d’mûrir.
J’comprends les secrets d’l’énergie
Qui pourrait tant d’pages me faire écrire
Sur c’sentiment qui frise la folie.
Le soleil est loin il semble
Alors que sa chaleur à peine me frôle
Et je sens tout ton corps qui tremble
Lorsque ta main se pose sur mon épaule.
Avec trois allumettes j’allume un arc-en-ciel.
Un peu de jour dans la nuit
Qui fait croire que nous sommes pareils
À ces astres qui brillent plus forts dans la galaxie.
J’me demande comment s’ra le reste de nos vies
Tandis qu'le jardin tranquillement s’endort.
J’me demande si tout n’y est pas déjà cueilli
Ou s’il va r’fleurir mille fois encore.
Et nous restons enlacés, immobiles,
À se contenter d’être ensembles.
Et nos angoisses paraissent bien futiles
Dans l’crépitement des bûches qui flambent.
Je glisse à ton oreille tous les mots qu’ton œil m’inspire,
Toutes les métaphores de ma passion,
Et j’ai l’impression alors que la nuit s’étire
Que nos racines s’emmêlent et tracent un même sillon.
Nous égrainons sereins les heures après minuit,
Le regard rêvant dans le lointain.
Et lorsque tes yeux clairs reflètent le matin
J’ai la sensation que se complète le cercle de la vie.
Dernière modification par degrémont alexandre (20-01-2014 03:43:38)
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Très joli
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belle introspection avec un fantôme pour confidences
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Que c'est joli et sensible! et belle idée de donner la génèse de ce texte. POur raison perso, je suis émue en lisant que tu es le seul depuis 2 générations à aimer la poésie.
Est ce que les strophes du fantome sont celles où il y a les mots avec des apostrophes?
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merci pour vos commentaires. J'avais fait d'autres "duos" avec d'autres fantômes (Victor, Charles, les deux Paul, Arthur...) mais ça n'a jamais aussi bien fonctionné que celui-ci... le fait que je sois de la famille désormais a peut-être aidé.
Nicole, je suis de ton avis. C'est même pathétique. Il n'y a jamais eu si peu de lecteurs/auditeurs pour la poésie alors qu'il n'y a jamais eu autant de monde à en écrire. Heureusement la "mode" du slam a aidé à redonner un peu d'attention à cet art.
Quant aux strophes du fantôme, ce sont de petits bouts de phrases (je ne les ai pas indiquées) comme "Un jardin immense et sauvage" ou "je n’ose pas nommer les choses"... bref, des petits emprunts que j'ai mêlé à mes mots...
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C'est très beau en effet , merci de nous avoir fait partager ce magnifique duo fantôme
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Très beau texte, félicitations !
Alex, pour la poésie, je suis d'accord. Mais il y a des raisons au fait que peu de monde lit de la poésie. La première raison, c'est l'école. Pour les enfants, c'est chiant de savoir une poésie par coeur.
Et on apprend les poèmes plus pour avoir une bonne note que parce qu'on aime le texte.
Ensuite, on ne fait qu'étudier de la poésie classique à l'école, ce n'est pas le truc le plus passionnant. Ecrire de la poésie en cours de français, ça m'ennuyait. Je préférais qu'on étudiait un roman ou autres. Et encore, les romans...
J'ai lu une fois un livre de Zola et un autre de Stendhal, mouais.
De toutes façons, dès qu'on fait un truc qu'on est obligé de faire, on n'y prend pas goût.
Donc les gens, en général, gardent une mauvaise vision de la poésie parce qu'ils en ont eu un mauvais aperçu à l'école.
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Up parce que c'est l'anniversaire d'Alexandre aujourd'hui
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