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Les femmes des trottoirs
Encore une nuit, et elle arrêtera ses allers-retours sur les rails de l’ennui.
Encore quelques pas, et elle cèdera son trottoir éclairé d’argent et de bruit.
Elle veut aimer, vivre et faire un enfant qui la réveillera tous les minuits.
Elle veut devenir femme, même fanée, même battue à coup de « qui je suis ? ».
Voilà vingt ans que le temps s’est arrêté pour fêter ses débuts en chantant.
Voilà vingt ans qu’elle répète encore un an elle épousera le printemps.
Mais le temps devient son pire ennemi et elle le tue pour changer de camp.
Mais le temps devient son meilleur amant quand il la caresse en passant.
Tu as celle qui a perdu sa mère et écouté son père pour se venger de la terre.
Tu as celle qui a aimé trop d’hommes pour rester femme devant l’argent et la misère.
Tu as celle qui est trop belle pour un seul homme, pour supporter son sale caractère.
Et puis, il y a celui qui l’a embarquée en bateau de mots d’amour pour pas cher.
Je l’ai croisée, et je n’aurais jamais dû la voir traverser sa vie pour un autre trottoir.
Armée de courage et de maquillage, elle avance et avance loin de sa mémoire.
Elle n’a plus honte d’avoir honte de caresser la honte dans le noir.
Vêtue de rien, les yeux brillent de chagrin, elle devient princesse pour un soir.
Elle traine son corps vers d’autres corps pour des miettes en or.
Elle brille comme une étoile qui file vers les caprices les plus forts.
Elle s’incline devant des hommes qui paient pour devenir des porcs.
Elle s’incline devant des porcs qui l’insultent le lendemain sans gène ni remords.
Je l’ai croisée, et je n’aurais jamais dû la voir traverser la jungle pour gagner sa vie.
La tête trop haute de honte, elle déambule en silence pour étouffer ses cris.
Le regard malicieux de naïveté, elle allume les passants pour enterrer ses envies.
Le sourire abimé de vulgarité, elle murmure quelques lettres et se tait pour rester polie.
Elle traine ses talons vers des cœurs enfermés sous des braguettes sans talent.
Elle traine son ventre plein de bière vers les papas de son impossible enfant.
A dieu, dis la vieille à son dernier client, demain, je prendrai ma retraite.
Merci, dis le client, demain j’inventerai une vie sans toi, sans conquête.
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très joli texte... si tu as le courage, j ai ecrit dessus aussi mais je me rappelle plus le titre...
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Mma aussi a été inspiré par le sujet, et boutdutoit par le client.
Ton slam est très beau, vraiment
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C'est très beau et touchant!
"Voilà 20 ans que le temps s'est arrêté pour fêter ses débuts en chantant
Voilà 20 ans qu'elle répète encore un an elle épousera le printemps
Mais le temps devient son pire ennemi et elle le tue pour changer de camp
Mais le temps devient son meilleur amant quand il la caresse en passant"
J'ai bcp aimé
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C'est touchant, poignant, vibrant, étourdissant !
On vit ça à fond ! On imagine sa douleur, ses rêves et ses désespoirs ! Et en sourdine on voit et on entend les clients !
Bravo !
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Bien décrit , bravo
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Très beau texte,bravo
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J'aime particulièrement cette phrase: "Elle s’incline devant des hommes qui paient pour devenir des porcs."
Je trouve qu'avec elle, tout est dit!
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+ 1 avec Alex
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Bonjour AmineK,
Je ne sais pas si tu as eu l'occasion de le déclamer, car les rimes sont fortes et les syllabes claquent par leur redondance. J'aime bien cette réussite dans les vers, c'est difficile à faire !
Il y a aussi cet aspect temporel, entre présent, passé et futur qui se justaposent avec son espoir et désespoirs, où je cite ces vers centraux, en une pointe onirique à sa double personnalité. C'est beau, et triste à la fois. Merci pour cette écriture d'une vie de femme appéciée et répudiée.
AmineK a écrit:
Vêtue de rien, les yeux brillent de chagrin, elle devient princesse pour un soir.
Elle traine son corps vers d’autres corps pour des miettes en or.
Elle brille comme une étoile qui file vers les caprices les plus forts.
Elle s’incline devant des hommes qui paient pour devenir des porcs.
Elle s’incline devant des porcs qui l’insultent le lendemain sans gène ni remords.
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Merci à vous tous, c'est très encourageant.
Je ne m'attendais pas à tous ces compliments.
Velocirapttor, tu m'as compris.... j'ai toujours essayé d'écrire des textes compliqués avec des mots très simples, des vers controversés, des phrases insensées genre "Moi je t´offrirai des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas " ou "Je t´inventerai des mots insensés que tu comprendras"
Je cherche à écrire des textes qui me donnent mal à la tête.
Merci encore.
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rien d'autre à dire, bravo,très touchant et super bien écrit
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J'aime.
Bravo !
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Salut Aminek
Bravo, j'aime beaucoup les rythmes intermédiaires qui donnent comme un effet de houle ou de ressac, un balancement ou des syncopes à l'intérieur même d'un vers. joli développement axé sur la dimension humaine, des images fortes comme des coups de projecteur dans une nuit.
Juste si tu permets, pourquoi " Elle veut aimer, vivre et faire un enfant qui la réveillera tous les minuits. " "toutes les nuits" avait je pense le même sens et le même nombre de pieds, pourquoi " minuit" ???
Bravo, je crois que le Grand Jacques aurait aimé .... J'ai également pensé au grand Serge Lama avec sa " Chanteuse a 20 ans " ....
Vincent v
Dernière modification par Vincent V (15-03-2013 17:48:56)
Salut Vincent V.
Merci pour ton commentaire. En fait, quand j'écris, je ne pense qu'à dessiner un texte pour mieux décrire quelqu'un ou une situation en faisant attention bien sûr aux rimes. Et quand j'ai écris ".... tous les minuits" c'est pour montrer la difficulté pour une maman d'avoir un bébé, par contre "toutes les nuits" ça parait banal et moins dur et montrer la forte envie de cette prostituée d'avoir un enfant même s'il la réveille tous les minuits, c'est plus précis.
Je crois aussi que je suis trop influencé par les textes de Brel puisque je l'écoute tous les jours et je suis flatté par "je crois que le Grand Jacques aurait aimé..."
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Aucun rapport !!!
Plusssss d'amour = pas de femmes battues
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C'est magnifique. Quel talent ! Et c'est un bel hommage plein d'empathie pour ces filles qui passent leur temps a donner du bon temps, l'espace d'un instant, quel fort temp...érament !
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Quel infâme trottoir d'hommes affamés ... !!!
... Comme leurs talons aiguilles, - qu'elles usent sur le mac-à-dame (macadam !) -, cela pique en plein coeur, le sujet ...
... Continues à te faire mal à la tête, l'émotion qui en ressort n'en est que plus belle ... et les images associées fortes et poignantes ...
Dernière modification par lamalice (17-03-2013 13:39:45)
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