Forum Grand Corps Malade et slam

Lettre de BREL

Sous terre… Vous savez que j’écris
D’en bas, vous imaginez que je crie.
Mais d’en haut, je vous envoie une étoile qui brille.

Elle file de mots en chansons
Éclairée de souvenirs en diamant.

Non, je ne reviendrai pas
Mais j’aimerais voir ceux qui ne m’aimaient pas.

Leur dire que le temps m’avait manqué
Pour parler de leur vie calquée.

Et avoir des nouvelles des petits bourgeois
Car leurs pères sont là, à s’inquiéter
Pour l’avenir de leurs petits chats.
J’aimerais parler à mes filles qui s’ennuyaient à chaque quelques repas
Leur dire que j’étais trop vrai pour être un gentil papa.

Trop pudique pour leur raconter ma vie tragique.

Non, je ne m’ennuie pas
Car Jojo a su m’attendre pour son dernier repas
Non, je ne m’ennuie pas
Car la mort a su me prendre avant que je traîne mes pas.

Je suis entrain de boire et fumer
Car après tout, on ne craint plus rien
Quand on est au bout de son destin

Oui… je me croyais immortel, mais c’est ma jeunesse
Qui avait du talent pour m’éviter la vieillesse.
Oui… c’est ma gloire qui a confondu réalité et ivresse.
J’en veux à la vie qui fréquente chiens et noblesse.
Et quand je parle de cette dernière, je veux dire sagesse
Sans argent ni tristesse.
Non, je ne suis pas triste, mais je chante la force avec faiblesse.
La vie d’ici se moque des sentiments et de la richesse.

Je vois des femmes se prendre pour des armes
Et des hommes pleurer sans larmes
Je vois des arbres couper des lames
Et leur sève consoler des âmes.

Voilà… C’est ça la vie d’un mort
Mais des vivants s’entretuent encore sans remord.