Forum Grand Corps Malade et slam

Voilà, je vous propose de commencer une lettre écrite à une personne, et le but est de faire voyager ce courrier, un peu comme les nains dans le film "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain" .

A vous d'être original, de détailler des scènes, de nous faire deviner où l'expéditeur va envoyer sa lettre.

Impératif quand même vous devez prendre en compte que le dernier post, la dernière lettre vous est adressé. Vous devez lui répondre, imaginez qu'il voyage ou que vous voyagez ... 

En cas de plusieurs réponses à une lettre, c'est la première qui la suit qui compte et à laquelle vous pourrez répondre et ainsi de suite ... et n'oubliez pas de la timbrée !!! .


" Ma chère et tendre,

Je vous écris du front où ce matin nous avons avancé vers l'ennemi. Cela n'est pas la joie,  tous les jours, mais je pense à vous et quand l'occasion nous donne du répit, je prends ma feuille d'aquarelle, et dessine ce que mon esprit veut bien me donner.

Vous savez mon attirance pour les tableaux vivants, mais loin de moi, je ne vous ferais l'affront de vous adressez un tableau de ce que mes yeux voient ici bat. C'est terrible, tous ces hommes qui s'entre-déchirent, mutilés, blessés, et crient leur retour auprès des leurs.

A l'heure où je vous écris, la plaine si verdoyante de notre chère contrée, n'est plus qu'un amas de trous d'obus, de traces de chars, et dans le ciel, les oiseaux de fer larguent leurs fientes.
Elles puent, pullulent et nous empoisonnent nos vies. Tels des charognards, ils tournoient sans cesse, et la nuit, en migration géante, leurs cris hantent nos rêves.
Les traçantes éclairent le ciel tel un orage incessant, et les batteries répondent à leurs chants détonnants.

Le ciel a beau nous arroser, sans cesse, depuis quelques jours, mais il n'arrive pas à délaver ces sales couleurs tristes et moribondes.

Mais rassurez vous, je suis sur le point de quitter ce champ de bataille, où soufflez n'est pas jouer, et rejoindre la douce plaine de Millau, où du viaduc, un brasseur d'air géant viendra nous chercher et nous mener vers une direction inconnue pour l'instant.

Alors avant de partir, je vous dédie pour l'amour que je  vous porte et décrit ce tableau vivant que j'ai commencé à poser sur ma feuille d'aquarelle, dans l'attente d'y mettre quelques couleurs plus chatoyantes que notre pain quotidien et de vous le faire parvenir par plis express :

Assise à la terrasse du café de l’Ecluse, une jeune femme, chevelure blonde sur la nuque, les oreilles cachées, évoque à sa classe le conte  de « La Marinière ».
Elle en a retrouvé trace sur un vieux parchemin déniché dans la vieille malle aux souvenirs, dans le grenier de la vaste demeure familiale, et lui a été transmis par son arrière grand-mère paternelle :


    Par un jour d’été, Clémentine, debout sur la barque, le visage grave, anxieux, les bras tendus le long de son corps de fillette frêle, les poings serrés, lançait un regard inquiet vers la rive.

    Son frère Mathieu menait  la barque pour accoster vers la péniche. D’un regard dur, les sourcils froncés, il avait hâte de repartir.
Dans la précipitation, ses gestes étaient précis, il voulait aborder pour accueillir le gamin au bord arrière de la péniche. Ce dernier, petit ami de Clémentine, était prêt à sauter sur la barque.
Le visage effacé, il était apeuré par … difficile à dire, rien ne transpirait, pas un mot ne sortait,…

    Quant à Armand, juste en dessous du garçon au visage effacé, il était  accroupi sur la barque arrimée à la péniche. Comme figé d’une peur bleue, il était impatient de se glisser dans l’autre barque, sous une couverture, pour se cacher,…

Ils ont vu quoi … personne ne veut le dire !  Juste une idée en tête, ils voulaient partir, se sauver de ce lieu, ramer à toute allure, en marche arrière,… pour remonter l’histoire, le lit du fleuve calme, trop calme, …

Une rumeur courait le long des berges, qu’une mère, - surnommée La Marinière -, en 1295, avait phagocyté sa progéniture, … la faim ayant envahie le pays, la peste noire  décimée le bétail, et une inondation sans précédent noyée les cultures environnantes.
Bien des notables avaient essayé, en vain, de part les temps,  de fouiller les maintes archives policières, municipales, ecclésiastiques…, pour retrouver l’origine de cet fabliau.
Tous se sont cassés les dents, des documents étaient abîmés, des pages arrachées, voire disparus mystérieusement.

                Depuis l’Histoire rôde toujours dans ce pays de Cocagne ! Le soir, à la veillée, les grands-mères racontaient cette mythologie locale, à leurs petites descendances…
Affabulation ou véracité, quelque chose meurtrissait de peur le club des quatre. Pourtant chaleureux et vaillants, Mathieu, Clémentine, le gamin au visage effacé, Armand, voulaient fuir.

Soudain, une ombre, « une fumée », translucide narguait les eaux troubles du fleuve. Elle volait, rôdait, au dessus des quatre gamins…
La mamie d’Armand lui avait raconté que le démon aurait possédé la progéniture pour que sa mère, - La Marinière -,  meure empoisonnée.
Cette vision éclairait son imaginaire et d’un coup, Armand s’est blottit, plus recroquevillé que jamais, sous la couverture, … fermant ses yeux, … mais l’image restait inscrite sur le grand écran blanc de ses paupières closes.

« Nous sommes à la veille de l’anniversaire de la mort de La Marinière » se rappelait t’il.

Les secondes paraissaient une éternité, mais il sentait les remous des coups de rames, faire tanguer la barque, remontant le courant. Puis, elle est repartit en marche avant toute, « direction La Cabane Aux Pilotis » annonçait Mathieu, le barreur, « ….là bas vers le village …», pensait Armand,  «…, non loin de l’Ecluse ! »…

Barbouillés par l’Esprit de La Marinière, les quatre « chevaliers » glissaient, glissaient encore sur l’eau calme du fleuve pour rejoindre leur repère sécurisé.


Peut-être allez vous penser que cette scène de vie est triste, mais loin de moi, je ne veux vous sentir le torrent inonder vos tendres joues, si fragiles, et si douces.

Bientôt, nous nous rapprocherons, mais là, je dois vous laisser pour faire mes quelques bagages, et à l'heure où vous lirez cette lettre, je serais dans les airs.

Pendant que j'y pense, assurez vous de transmettre par écrit à qui vous savez, mais dont je n'ai l"adresse pour le lui donner de mes nouvelles.

PAr l'amour que vous me donnez pour supporter ces tranches de vie si horrible et horrifiante, je vous baise la main, en m'agenouillant devant votre beauté charnelle. Cette seule idée de vous imaginer m'aide à transgresser la vision d'horreur de ce champ de bataille...

                                                              Votre cher et tendre Augustin."

Dernière modification par lamalice (12-06-2012 15:58:04)