Forum Grand Corps Malade et slam

J'aimerais essayer de revivre un moment, une très courte et belle parenthèse
Pour cela la méthode des mots est loin d'être mauvaise.
J'ai d'abord essayé de l'oublier, mais ce souvenir reste trop intense.
Car ce déclenchement n'a pas eu de suite, seul regret mais immense.

C'est déjà une vieille histoire, mais je croirais que c'était hier.
J'en garde un souvenir trop grand, et dans la bouche un goût amer.
Encore une fois j'vais parler de filles, ce n'est pas que je pense qu'à ça.
C'est juste que depuis quelques années, vous me fascinez bien malgré moi.

Pour vous planter le décor, imaginez une regroupement de 13-16 ans.
On y partage, parle, découvre, échange, tout ça en se marrant.
Sur cent personnes on en connait que vingt mais c'est pas grave.
On parle à tous comme les habitants d'un même village.

Au milieu de tout ça, sans aucune préméditation,
Elle a particulièrement, attiré mon attention.
Je ne pensais qu'à lui parler, j'aurais voulu savoir son prénom.
Mais je n'osais pas, j'attendais comme un con.

J'aurais pu attendre longtemps, mais ce jour-là le Destin,
Voyant une si belle occasion, a voulu faire son malin.
Bonne ou mauvais nouvelle, je n'en sais toujours rien,
Mais si ma nostalgie était une journée, ce moment serait le matin.

Le miracle a donc eu lieu : elle a fait tomber son foulard.
Je ne sais pas pourquoi, comment, ça ne fait pas partie de l'histoire.
C'était évidemment sous mes yeux, le Destin n'aime pas les retards.
Tout était prêt mais malheureusement, l'Amour n'aime pas le hasard.

J'ai foncé quand même, j'y ai couru tête baissée.
Je lui ai ramassé, faussement détendu je l'ai appelé.
Lentement comme dans un rêve, elle s'est retournée.
Et je me suis noyé dans ses yeux, perdu dans l'immensité.

De ces yeux j'ai un souvenir tellement précis,
Je ne les vois pas tout le temps mais c'est comme si.
Rien que de les évoquer ça me rappelle
Leur éclat, beauté, qui semblent éternels.

Je l'ai bien regardé dans les yeux, elle soutenait mon regard.
Je serais resté longtemps mais il était déjà trop tard.
Je lui ai rendu son foulard, elle m'a dit "Merci."
Je lui ai rendu sa liberté, elle est partie.

Toutes les bonnes choses ont une fin, je hais cette règle.
Décrétée par le Destin, elle est toujours appliquée.
Elle doit redonner un équilibre, pour que le monde ne se dérègle.
Pour une si belle fois, il aurait fallu nous ignorer.

Voilà, c'est déjà la fin de l'histoire...

Bien sûr c'est frustrant, et je sais de quoi je parle,
Notre seul moment de partage, on le doit à un foulard.
Normalement, on aurait du se parler, se connaître.
Mais chacun de notre côté, on nous a envoyé paître.