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Il était une fois, une petite fille qui fabriquait des petites boîtes, qu'elle vendait dans les ruelles étroites, d'un sombre village où aucune maison paraît droite, où même les animaux reflètent la misère se traînant sur deux ou trois pattes.
Une place se tenait au centre de cette cité aux airs d'oubli, comme un nombril où gravitait la vie, qui ignorait l'enfant et son étale tout aussi joli.
Pourtant, chaque matin, dans un rituel poignant, agençant ses petites boîtes colorées et brillantes comme le firmament, elle entendait la fontaine qui trônais au milieu de cet endroit si vivant, faisant raisonner ses clapotis emportant les pensées de la petite tout doucement, ça motivait son engouement, elle voulait juste mettre de la couleur dans la vie de ces gens, les mêmes passants, bien pensants évidemment, qui n'avaient que faire de cette enfants sans parents, certains avaient aussi abusé de son tourment, la frappant, la salissant... quelle bande d'ignorants.
Plus elle grandissait, plus ses boîtes étaient belles et soignées, mais ses semblables continuaient de passer sans s'arrêter, sauf pour meurtrir un peu plus son corps en manque de vitalité, et les rumeurs suivaient pour l'accabler.
Les petites oeuvres qu'elle exposait faisaient briller les yeux qui sur elles se posaient, mais rares étaient les clients car au village on disait, qu'elle était damnée d'avoir pactiser avec le malin que tous craignaient, si il faut ses parents c'est elle qui les avait tué, pour eux il était clair que c'était la raison de son timide succès qui lui permettait de manger.
Sans relâche elle travaillait, souvent sans prendre le temps de se soigner, comme les jeunes filles de son âge déjà formées, qui en touristes achetaient ses petites boîtes pour y ranger, des bijoux qu'elle ne porterait jamais.
Tous les soirs le repas était chaud, sans en avoir de trop, les jours étaient plus beaux, mais elle perdit le droit de bosser, la seule chose qu'elle avait, son unique petit boulot, avec l'interdiction elle perdait son sourire et aussi les repas chauds.
Jusqu'à présent son humble présence n'avait pas dit un mot, mais là s'en était trop, la démence lui soufflait son sentiment amer et chaud, elle s'enfermait loin du troupeau, démunie à la lueur des flambeaux.
Le temps filait et quelques personnes s'inquiétaient du sort de la frêle fille que d'autres avaient déjà oublié, on pouvait voir la nuit tombée, passer et repasser la fade lumière d'un chandelier, à travers les vitres sales d'une maison abandonnée, qu'elle squattait depuis tant d'années, la maison de sa famille tristement disséminée, une vieille bâtisse un peu excentrée, que les habitant évitaient d'approcher, plus ou moins conscients de ce qu'ils avaient provoqué.
Et maintenant, qu'est-ce qu'elle pouvait fabriquer?
"Elle doit être morte et aussi sèche et raide qu'un saucisson qu'on laisse sécher!"
"Elle est en enfer et elle ne revient que pour punir les garnements qui se sont mal comportés!"
Voilà qu'elle était devenue le fantôme de légendes absurdes et terrifiantes, jusqu'au soir où un orage d'été éclata déversant sa rage et écrasant les agapanthes, les fleurs qui égayaient la vue de sa fenêtre barricadée où elle avait creusé une fente, pour ne pas complètement occulter le monde qui l'entourait sans qu'elle consente, à s'exposer aux regards des autres qui l'a disaient de même valeur que de la fiente, en y regardant de plus prés les énormes vagues d'eau et de boue avalaient les routes usées en dévalant les pentes, elle voyait les gens affolés et trouvait la situation marrante, le bruit de ce chaos masquait les rires de la démente, plongée dans la froideur la plus puissante...
Au petit matin, à travers l'interstice elle boudait et regardait la scène énervante, slalomaient, comme perdus, les survivants et survivantes, passant entre les piles de gravats, d'objets et de boue dégoulinantes, que le soleil de Juillet rendait oniriques et fumantes, rendant l'atmosphère encore plus oppressante, et la jeune femme devenue femme s'empressait alors de retourner dans sa tourmente, aigrie par sa soif de vengeance omniprésente, elle taillait, comme enfant, de petites pièces de bois, dans le mobilier effrité qui constituait son unique rente, elle reprenait ses activités jusqu'à ce que la fatigue l'envahisse la laissant sur le sol, gisante, torturée par sa propre morale ressentant le mal qu'elle leur souhaitait, recroquevillée et gémissante, ce n'empêchait pas cette folle au teint de porcelaine d'être méfiante et méchante.
Le grand jour arrivait avec le début d'un automne mélancolique, les oiseaux se cachaient comme ces cafards qui l'avaient reçu à coup de trique, la grande porte délabrée, d'un click, s'ouvrait alors sur une vision magnifique, sa silhouette longiligne car amaigrie sortait d'une pénombre presque mystique, ses longs cheveux dorés tenaient d'un simple élastique, ses modestes vêtements arrangés avec finesse et goût d'un blanc fantomatique, prolongeaient la pâleur de son corps créant un halo féerique.
La population s'interrogeait en restant statique, et la belle s'installait d'un élan majestueux et euphorique. La revoilà plus malicieuse que jamais, car ses arguments avaient changés, en effet, à présent elle proposait des petites boîtes où l'on pouvait enfermer, son coeur pour le protéger en garantissant la fin de cette misère qui lentement les rongeait, c'était la gloire assurée et elle le savait, les gens accouraient de tous côtés.
Après des années, son activité s'arrêtait quand ses rides se dessinaient, et le village avait bien changé, comme ceux d'à côté, la belle pouvait rester à attendre la mort et se reposer, dans son donjon tout confort qu'elle avait depuis équipé, remplissant jusqu'au toit les gardes manger, se délectant de la vue de cet endroit fané, de ces gens qui entre eux à présent s'ignoraient, se marchant dessus sans sourciller, mais les hommes allaient trop loin dans leur individualité, ils commençaient à s'entre tuer, hommes, femmes, enfants, tous armés, hommes, femmes, enfants, tous mourraient dans ce village déserté par la vie qui jadis s'y trouvait, les rues avaient perdu leurs odeurs, leurs couleurs et ses bruits familiers qui y raisonnaient, même la grande fontaine était asséchée.
La femme d'un âge certain était face à sa solitude, un moment de lucidité venait mettre son nouveau présent en étude, les souvenirs comme certitudes que sa conscience trouvait trop rudes.
Sur la place silencieuse elle fêtait l'évènement, portant à sa bouche striée un verre de vin rendu meilleur en vieillissant, pas comme elle qui n'avait vécue que pour leur rendre leurs tourments, elle qui n'avait vécue que pour maudire ces gens... ces gens...
Entre rires et larmes elle entendait un petit craquement, on pouvait lire la peur dans son regard sans âme dedans, sa petite boîte c'était brisée voilà la raison de son questionnement, de se repentir elle n'avait plus le temps, elle s'écroulait, lentement, le vin se répandait quand brusquement, elle ouvrait son thorax avec un bout de son verre cassé le souffle haletant, les brisures de la boîte se déversait avec son sang, ses petites boîtes n'étaient pas si fortes finalement.
Voilà comment c'est dépeuplé ce village autrefois prospère, en dénigrant les petites boîtes dont elle était si fière, pourtant il est plus honorable de travailler et de se taire, que de mendier ou voler ou même compter sur des prières, elle mourut seule le coeur atrophié mais son repos sera salutaire, car nous sommes tous égaux sous les pierres et la terre.
Si vous tombez par hasard sur une fontaine gravée de cette inscription:
"Ici est morte celle qui faisait taire les coeurs et leurs inspirations
Dans une grande indifférence malgré son don, on ne sait même pas son nom."
Ayez une pensée non pas pour l'inconnue et sa folie qui contrôlait ses actions, mais pour votre petite boîte née des abominations, pensez à la laisser ouverte pour toujours entendre ses palpitations, ressentir l'affection, même si, comme elle, je penses qu'on vit dans un monde de cons.
EkimoZ
Dernière modification par EkimoZ (10-03-2011 09:59:18)
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J'ai pas de mots, si deux :
Quel talent!!!!!!
Bravo eki et merci
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Merci beaucoup!!!
=)
Je tente d'autres façon d'écrire parfois alors contente que ça te plaise!!!
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ouuuuuuuuuuuuffffffffffffffff !!!!!!!!!!!!!!!
C'est tout
Non... mais c'est tellement beau et fort EKI mes mots les beaux seraient tout bidons la.....
MERCI, BRAVO c'est dingue leS talentS que tu as dans ta ptite boite que tu nous ouvres la
ALLUCINANT franchement quelle artiste sérieux !!!!!
BIZ
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3ème lecture déjà ... et c'est pas finis
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Merci beaucoup hermano!!!
BIZ!!! =)
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Super!! et ton univers se retrouve dans ce conte
je reviendrai le lire!!
Oh oui, laissons ouvertes les jolies boites pour entendre les coeurs palpiter
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j'ai relu ton texte , bien ecrit et criant de verité
j'ai connu a Marseille une situation a peu près la même, d'une femme qui deballait sur le marché, elle était moche( c'est relatif car la beauté comme la laideur sont sujettes a bien des aspects differends) et je crois que c'est de là que la mechanceté a commencer.
bref pour te dire que tu rentre en litterature avec une nouvelle approche de ton ecriture
bravo
biz
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Je me permets de le copier dans les slams par theme "contes et légendes"
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Fais donc!!! lol
Merci encore pour vos commentaires!!!
Nouga, toi aussi tu sais que les gens peuvent faire tant de mal hein... pffff comme tu dis ça part toujours d'un rien!
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Pour faire tomber qq1 dans un gouffre il suffit de lui faire faire q'un pas parfois....
vive les hommes.....
Heureusement de bien belles surprises aussi, de belles personnes parfois aussi
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Dernière modification par EkimoZ (11-03-2011 12:12:10)
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Ton conte,un petit bijou!!!!! Je t'encourage à nous en écrire d'autre....ça nous emmène encore dans une tout autre dimension!!...Bravo!
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Merci beaucoup I.SLAM!!! J'aime bien ce style d'écriture, c'est pas impossible que je recommence!!!
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Franchement n'hésite pas,tu es douée!
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Merci beaucoup Islam! =)
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Up parce que j'en est rêvé! Ma petite boîte est cassée. ..
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C'est un très beau conte Eki.
J'espère que tu peux encore la réparer...
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+1 avec MC Boulette
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Très beau conte.Bien écrit.
Au plaisir d'en lire d'autres.
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Muchas gracias à vous, MC, merci pour la colle!
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Une bien jolie idée, ces petites boîtes.
Qui n'a pas eu enfant sa boîte à trésors? Combien de boîtes encore sous nos toits? Boîtes où sont rangés nos souvenirs par exemple.
Bien triste récompense pour cette femme, artiste méconnue, créatrice talentueuse de boîtes, un trésor elle-même.
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Tu as bien compris le texte! Merci!
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