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Le mal de vivre
J’me présente : Vivien, 40 ans, séropositif
Je vis bien aujourd’hui, j’essaie d’rester positif,
J’ai attrapé c’te chose par manque de précaution
Et j’peux pas en changer car j’ai paumé la caution.
J’ai souffert étant jeune de cette véritable tare
Qui dissout tout pour me dire qu’il est trop tard,
J’ai pleuré chaque nuit pour qu’on modifie mon destin
Pour que j’dévore la vie comme un innommable festin.
J’ai soumis mes prières à qui veut bien m’entendre
Afin qu’on m’donne de la joie ou qu’on veuille bien m’en vendre,
J’ai expliqué milles et une fois à ces gens pas très malins
Que cette différence ne s’attrapait pas par un câlin.
J’me présente : Mamadou, 15 ans, africain
La vie m’amadoue et un futur, j’n’en ai qu’un,
Pas de maladie pour moi, juste un problème de couleur
C’est pas si grave mais y’a quand même quelques douleurs.
J’ai souffert et en fait, je souffre encore aujourd’hui
De cette haine lourde à mon égard dont le mal s’enduit,
J’ai pleuré souvent sans vouloir changer de peau
Mais pour que l’être humain efface ces infâmes propos.
J’ai soumis mes vœux pour éclairer mes journées
Pour qu’il y ait l’illumination comme quand le jour nait,
J’ai beau expliqué que je suis français, et c’est sensé
Pas de blague cette fois-ci, elle est réelle cette pensée.
J’me présente : Grace, 20 ans, obèse
Je vis mal, j’suis mal à l’aise et je frôle le malaise,
En plus de ça, mon prénom me dévoile en tout point
Mon dernier sourire, en tout cas, il est déjà bien loin.
J’ai souffert des moqueries de mes camarades de classe
Parce qu’une boule comme ça, c’est sur, c’est pas la classe,
J’ai beaucoup pleuré jusqu’à noyer mes espérances
À ce stade de l’histoire, ma piètre vie reste errance.
J’ai soumis mes requêtes pour devenir plus mince
Pour que je sois princesse et que je trouve mon prince,
J’ai expliqué sans arrêt qu’c’était à cause d’la maladie
Mais même avec ça, on m’laissera pas rentrer au paradis.
J’me présente : Victor, 30 ans, amorphe
J’ai plus trop de vie et puis le dénouement s’amorce,
Depuis mon accident, j’suis sur une chaise roulante
Mon avenir est tout gris, ma fin est proche mais lente.
J’ai souffert sur le coup, j’en ai crié des maux
Depuis j’suis un légume et j’ai ma lueur sous l’eau
J’ai pleuré tant de fois pour espérer un miracle
Et pour chasser toutes ces souffrances que la vie racle.
J’ai soumis des désirs comme retrouver mon apparence
De marcher simplement sans penser à mes carences,
Mais à force d’attendre et de vous voir me dévisager
Je s’rais curieux d’savoir si un jour, je vivrais âgé.
J’me présente : Elise, 10 ans, violée
J’me demande si la vie me f’ra, un jour, voler,
Car depuis hier, j’ai perdu ma virginité et mon enfance
Et cette foutue sécurité qu’on est censé avoir en France.
J’ai souffert de ce moment humiliant et tragique
Moi qui n’aime que les instants conciliants et magiques,
J’ai pleuré et pleure encore des flaques de larmes
Pour me défaire de ce souvenir aiguisé comme une lame.
J’ai soumis mes souhaits pour revenir en arrière
Pour revivre ma journée en faisant tout le contraire,
Mais j’ai beau avancé dans le temps, j’ai vraiment peur
De poursuivre avec cette balafre sur le cœur.
J’écris mes cris, et mes crises n’ont pas maigri
J’écris le mépris, et mes prises de tête aigries,
J’espère briller, et faire vriller mes piètres prières
Et faire en sorte que demain soit meilleur qu’hier.
Bon week-end à tous
Dernière modification par Eros (31-05-2009 11:02:30)
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très joil texte pas facile le regard des autres qui un jour sera peut etre leur tour
bises des cotes d'armor
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Texte très class, Eros! J'aime beaucoup!
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Mes respects Môsssieur Eros !
Peace Tik'
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Eros a écrit:
J’espère briller, et faire vriller mes piètres prières
Et faire en sorte que demain soit meilleur qu’hier.
Un rejet littéral des mots en ce moment.
Et pourtant les tiens sont passer tout seul.
Un très très beau texte, tant la forme que le fond.
Le regard des autres n'est pas facile à assumer, mais c'est ce qui nous construit malgré tout. Qu'importe notre apparence ou ce que l'on dégage si ce regard n'était pas si pesant.
C'est pas vraiment un sujet facile, Ã mon avis
Tu t'en es royalement sorti
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OUI,tu t'en es bien sorti.DES ASSOCIATONS DE MOTS?tres parlantes et touchantes.
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Tu vois Eros que l'inspiration est revenue? et ça valait le coup d'attendre ,ton regard s'ouvre de plus en plus ....
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J'adore. La le sujet, les sujets, la façon tu "les a écrite", merci!!!
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bonjour Eros !
j'espère que tu ne me comprendras pas au négatif. mais, je vais commenter tes dires à ma façon :
pour les séropositifs :
c'est vrai, je suis malade, et mon sang a muté,
or, plutôt qu'un pleur, je longe des cascades, reines des infinités !
si mon corps ne prospère, mon âme, elle, saura dépeindre
la douleur de l'hémisphère, et la pitié vivra la plus moindre.
le mal me donne des ailes, et je plane sur la puissance,
ces ailes se déchirent, mais se rejoignent, et jonchent la renaissance.
on doit dire : ce qui me tue me rend plus fort,
j'irai ainsi, neuf et grand, pareil au l'élu souffle des aurores.
je ne dois me morfondre, je ne dois flétrir ma vue
je veux fondre aux lointains, et partir ardent, comme un aigle ému.
j'aime pas les sourcils de l'arrière pitié,
il piquent les intentions, piquants comme un aiguisé acte d'acier.
c'est l'amour mon pommier, c'est son feuillage céleste,
lignée par lignée, ses pommes virevoltent, allègres et lestes;
aux sens elles fulminent des fêtes, et gouvernent mon cœur.
si on ne peut aimer un malade prompt aux terminaisons,
l'ainé de mes balades lui, est solitaire, est joyeux de carnations.
la souffrance, qu'est la souffrance ? une impie ou une dévote ?
en vérité, ni l'une ni l'autre, elle est et reste, sans nom, sans faute.
célébrons la nuée de l'existence, ainsi que les orages !
ils annoncent clairvoyance, immortalité, santé, ils annoncent ouvrages...
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belle lecon de perseverance joli texte
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