Forum Grand Corps Malade et slam

Pourquoi écrit-on ?
Souvent je me suis posé la question,
je me suis souvent demandé,
d’où vient c'besoin de poser des mots sur du papier.
je pense aujourd’hui qu’y a pas d'réponse non,
mais si j'devais en donner qu'une seule,
ce ne sont pas de simples mots que nous posons,
mais une partie de notre âme, de son linceul,
de notre cœur ou de notre esprit,
les idées, les émotions glissent bien mieux,
quand elles dansent côte à côte en harmonie,
sur une feuille de papier ou dans nos yeux,
écrire permet de faire voyager,
réaliser des voyages extraordinaires,
dans des lieux, dans des contrées,
écrire peut donner des pavés à l'enfer,
qu’il s’agisse de la bordure de nos cœurs,
aux abîmes du tréfonds de nos âmes,
écrire permet d’arpenter nos peurs,
écrire permet d'affronter nos drames,
moi si je devais vous faire voyager,
au plus profond de mon cœur,
cloaque immonde et négligé,
terre de mes craintes et ma noirceur,
puis en remontant vers la surface,
pas après pas, portes après portes,
vous traverseriez tantôt un désert de glace,
celui des espoirs que je porte,
tantôt un havre, un jardin de tranquillité,
dans lesquels fleurissent et brillent,
comme aux antiques Élysée,
les sentiments pour ma fille,
marchant nonchalamment dans ce jardin,
vous tomberiez sur un ruisseau,
baigné de la lueur d'un matin,
bercé au calme bruit de l'eau,
ce ruisseau porte ton nom,
ce havre ou je suis roi,
ou les oiseaux pour de bon,
chante ton nom Cléa,
c'est ici que je me repose,
c’est sur ces rives ensoleillés,
inondées du parfum des roses,
que j’aime m’étendre, souffler, rêver,
puis de l’autre côté de ce ruisseau,
il existe un champ immense,
dépourvu de fleurs ou d'animaux,
mais terre de futures abondances,
vous y marcheriez des heures,
sans trouver âmes qui vivent,
c’est ici la place dans mon cœur,
pour les âmes à la dérive,
un vaste champ pour cultiver,
faire grandir de nouveaux espoirs,
pays de Cocagne oublié,
ou peu de place son à pourvoir,
ce voyage dans mon cœur, serait rapide,
je n’y néglige en rien l’espace,
sans chercher à combler le vide,
de peur d'y voir pousser des angoisses,
si l’on poursuivait ce voyage,
on le transformerait en périple,
dans l'âtre de mon esprit, siège de ma rage,
dont je reste le disciple,
un labyrinthe aux murs si haut,
qu’on ne peut tenter de les gravir,
bâtit de marbre et de maux,
qui ne cessent de noircir,
le sol, les murs de cet endroit effrayant,
gravé dans un carrelage noir et froid,
aux rebords tranchant,
sont les carcans de mon effroi,
les parois de ce dédale,
semblent parfois vous murmurer des mots,
le sol plus noir que l’ébène est glacial,
reflète votre image et mes maux,
en arpentant ces couloirs,
vous rencontreriez des versions de moi,
qui errent sans but dans le noir,
qui marchent sans but depuis des mois,
des versions de ce que j’ai été,
et de ce que je voulais devenir,
les unes brisés par le passé,
les autres brisés par l'avenir,
les versions de moi que je voulais être,
ne sont pas hostile à votre venue,
elles cherchent des rêves pour se soumettre,
et de violence sont dépourvues,
si vous tombez en revanche,
sur les versions de moi que j’ai été,
je vous conseille de fuir ces dames blanches,
ces vestiges du passé,
ces carcasses faméliques et décharnées,
que je ne nourris plus depuis longtemps,
elles ne peuvent mourir que lorsque moi je partirais,
que lorsque j'aurais fait mon temps,
ne leur faites jamais confiance,
car si elles sont ainsi,
c'est que ces versions ont échoués depuis l'enfance,
au grand jeu de la vie,
elles n’étaient pas viables,
ont semé le malheur autour de moi,
arborent des masques de diable,
et sèment les graines de l'effroi,
comme des recluses elles tissent des toiles,
avec le fil des souvenirs d'avant,
croyant capturer les étoiles,
ou la version du moi présent,
espérant prendre sa place,
afin de régner à nouveau,
leurs yeux jaunes et brillants,
trahissent l’envie de renouveau,
elles semblent inertes ne bougent que peu,
pourtant elles sont bien en vie,
prête à briser leur carcan ennuyeux,
dans un râle les donnant proche de l’agonie,
ne vous en approchez pas,
elles ont entrainé dans leur chute,
d’autres personnes dans leur trépas,
d'autres personnes dans leurs luttes,
elles sèment dans l’esprit et le cœur,
des graines de haine et d’animosité,
des morceaux de malheur,
des souvenirs gâtés,
a proximité des tableaux,
qui représentent des souvenirs,
elles s’enhardissent de tout leurs os,
attendant l'heure de revenir,
pointant de leur doigts faméliques,
les toiles en hommage à leurs gloires,
dans un rire mécanique,
chantent les louanges du désespoir,
elles s’y accrochent et vous attirent,
pour que vous les contempliez avec elles,
pour vous noyer dans ces souvenirs,
pour vous faire croire que c'est réel,
il existait plusieurs façon,
de finir ce voyage,
aux confins de la raison,
ou aux douleurs du premier âge,
c'est ici le berceau de mes mots,
la génèse de mes excuses, mes prétextes
des frissons sur ma peau,
à la noirceur de mes textes.