Vous n'êtes pas identifié.
Ce matin, j’ai senti qu’il me manquait un truc, en me levant.
Comme d’hab, je suis descendu, j’ai pris ma douche et mon café
Après tout ça, je me suis habillé et j’ai discuté avec mes parents.
Et à ce moment-là, j’ai compris ce qu’on m’avait enlevé.
Un bout de moi s’est volatilisé, comme par magie.
Dire que ce truc faisait partie de moi, de ma vie.
Je craignais pourtant cet événement, ce bouleversement
Mais bordel, tu te caches où, mon bégaiement ?
Je dois à tout prix éviter de stresser.
Cette nuit, quand je me suis couché
Il se trouvait encore à l’intérieur de moi.
Il doit se trouver quelque part dans mes draps.
Il ne s’y trouve pas. Bon, je vais retourner la maison.
Pas moyen d’y mettre la main dessus. Partout, j’ai fouiné
Et me vient à l’esprit une reprise des paroles d’une chanson
Bégaiement où t’es ? Bégaiement où t’es ?
Faut que je le retrouve, sans lui, je ne suis plus vraiment moi.
Avec lui, j’ai connu plein de choses : des peines, des joies.
Ouais, c’est vrai, je l’avoue, il m’en aura bien fait baver.
Mais avec lui, j’ai développé d’autres qualités qui ont compensé.
Vous ne comprenez peut-être pas ce que je veux expliquer.
Alors, je vais essayer de vous éclairer.
Vous imaginez Grand Corps Malade sans sa béquille ?
Vous imaginez un écrivain sans stylo à plume ou à bille ?
Vous imaginez une soirée slams sans œuvres partagées ?
Vous imaginez ? Vous comprenez pourquoi je suis paniqué ?
Non. Je ne dois pas paniquer.
Je ne le retrouverai pas, il est parti pour de bon.
Je resterai le même, quoiqu’il arrive.
Je ne dois pas avoir peur du changement.
Mon bégaiement m’a appris à relativiser
Alors je ne dois pas taper un scandale qu’il s’en est allé.
Mon combat mené envers lui a traversé les âges
Je me dois de rendre un hommage.
Entre mon bégaiement et moi, c’était un duel de grosse ampleur.
J’ai cru longtemps que mon but était de l’abattre, d’être vainqueur.
Mais me mesurer face à lui était déjà un but en soi,
Parce que ça prouvait que je croyais encore en moi.
J’me rends compte aussi que le plus important
N’était pas de vaincre mon bégaiement
Mais résidait dans le fait d’arpenter le chemin
Parce qu’il n’est jamais parcouru en vain.
Ceci est une simple fiction. Rien de plus.
Hors ligne
J'aime beaucoup. Tu crois que tu ne pourrais vraiment pas vivre sans ? "Dans toutes les situations tu dois faire preuve d'adaptation".
Hors ligne
Merci Sylvie !
Si, je pourrais vivre sans. Je le sais.
Et au fond, je sais que rien ne changera vraiment si j'en suis un jour vraiment "guéri". Je garderai toutes les choses bénéfiques que le bégaiement m'a apporté.
Je suis encore suivi par une orthophoniste parce qu'il me gêne encore à certains moments. Et ouais, j'aimerais bien m'en débarrasser, je ne peux pas le nier.
Il m'a donné un objectif. "Dans la vie, on s'fout de l'objectif, c'qui compte, c'est la route pour l'atteindre".
Mais j'avoue que ça me ferait bizarre qu'il s'en aille comme ça, alors qu'il m'aurait pas dit "Au revoir".
Dernière modification par Kamui (02-03-2014 10:51:51)
Hors ligne
en te lisant, je me disais qu'un psy aurait sans doute bcp à dire là dessus, ta façon de te sentir plus entier avec ton bégaiement, comme s'il était une façon de te cacher, de te définir, puis de t'augmenter.
(et au 4eme vers quand tu dit"j’ai compris ce qu’on m’avait enlevé." j'ai cru que tu allais parler des extra terrestres, lol, et j'ai ouvert des yeux ronds.
j'aurai été plus intriguée si tu avais mis "qu'on me l'avait enlevé"
Hors ligne
Tu n'as peut-être pas tort pour le 4ème vers... Parce que les gens, avec la phrase que tu suggères, ils se demandent "Mais il parle de quoi, vraiment ?", et c'est une tournure plus jolie que la mienne, j'trouve !
Nicole, tu as raison. Tu as bien senti mes sensations.
Mais parfois, je me demande si c'est pas une hérésie de me dire qu'avoir eu mon bégaiement était une bonne chose. Est-ce que j'ai raison de commencer à avoir de la fierté d'avoir ce truc et de l'avoir su accepter (avec beaucoup de mal) ? Je ne sais pas.
Pourquoi j'ai envie de le revendiquer ? Pourquoi j'écris régulièrement un texte sur le bégaiement ? Pourquoi je cherchais un blase de slameur avec le bégaiement ? Pourquoi je refuse de me définir en tant que "bègue" mais je préfère dire que je bégaye ?
Et ai-je raison, dans tout ça ?
Dernière modification par Kamui (02-03-2014 16:58:49)
Hors ligne
"bègue" est un état, et c'est connoté
"je begaye" est une action, une constatation, ça ne te défini pas
Hors ligne
Oui, c'est vrai.
Mais j'ai eu un petit débat avec ma famille parce que mes parents et mon frère ne comprennent pas trop pourquoi je ne veux plus entendre le mot "bègue".
Je me pose plein de questions sur ça, mon bégaiement...
Je pense pas avoir totalement raison dans ce que je pense, mais je pense pas non plus avoir totalement tort.
Et je me dis que le plus important, c'est pas ce que les autres pensent de moi. Le plus important, c'est de se battre pour nos valeurs. (A partir du moment qu'il n'y ait pas de haine envers les humains dans les valeurs. N'est-ce pas, Hitler ou Staline ?)
Hors ligne
vraiment touchant, je te comprends quand tu dis que tu ne veux plus entendre le mot "bègue" que je trouve un peu péjoratif. On ne juge pas quelqu'un sur le fait que quelqu'un bégaie ou pas. Tu as raison, tu as de bonnes valeurs c'est là l'essentiel. Après si certains, sont un peu simple d'esprit ou sont méchants laissent les là où ils sont....
Hors ligne
j'adhère aux commentaires, le principal dans la vie, c'est que toi tu te sentes bien,, le reste est secondaire,
tu met des mots sur ce qui te semble une injustice , nous avons tous des fêlures dues a des héritages dont on se serait bien passé
alors aime la vie
bon courage ami
Hors ligne
Merci Sandrine ! Ne t'en fais pas, "j'ai oublié les médisants" !
(Je devrai me lancer un défi. A chaque fois que je poste sur le forum, je lance une citation de Fabien en rapport avec ce que je dis... Ca risque d'être compliqué A oublier !)
Promis, nouga, j'aimerai la vie !
Hors ligne
Joli texte. Au premier abord ça m'a surpris l'approche que tu as fais de cet événement qui est à la fois une victoire et une perte. Ça m'a fais indirectement pensé à ce que j'ai vécu avec la dépression, le jour où j'ai arrêté de me définir comme "je suis un dépressif" mais "je suis atteins de dépression" ça signé le début de la fin de ma dépression. Ça été à la fois jouissif de découvrir ce moi sans ce mal-être qui a définit 25 ans de ma vie, mais aussi ça m'a foutu un vertige de fou furieux de perdre un guide qui à si longtemps défini un état de vivre tout entier. J'avais peur de quitter ce que j'ai toujours connu pour appréhender ce nouveau moi capable d'être heureux et de ne plus souffrir. L'inconnu ça fait souvent peur.
Moi j'ai envie de dire : tchek mec !
Hors ligne
c'est pour des échanges de ressentis de ce type que j'aime ce forum!! pour la connaissance de soi et de la vie que ça apporte, de lire de telles choses
merci à vous 2
Hors ligne
Merci beaucoup de me comprendre, EvilBisounours. Je suis content que mes mots t'ont fait penser à ton histoire personnelle !
L'inconnu fait peur... Mais après, je pense rester le même si ça m'arrive
De rien, Nicole !
Hors ligne
Me suis laissé prendre complétement dans le thème que je trouve très bon.
J'aime beaucoup même si je trouve dommage que tu précises que c'est une fiction (j'aurais tellement aimé avoir le bénéfice du doute et croire que c'était pour de vrai tellement c'est bien amené ;-)
+1000
Hors ligne
Merci, merci ! Content que mon texte t'ait plu et que tu le trouves très bien amené !
Hors ligne
Hier soir en regardant le JT de France 2, j'ai eu une pensée pour toi Kamui
Il y avait un touchant témoignage de William Chiflet,qui vient de sortir un livre: "Sois bègue et tais toi!"
Je sais pas si tu en a entendu parlé,je connaissais pas du tout
http://www.francetvinfo.fr/handicap-soi … 50967.html
Dernière modification par sylvie32 (13-03-2014 09:14:26)
Hors ligne
Oui, Sylvie ! Il passait dimanche dans Sept à Huit dans l'entretien de la semaine. (pour une fois que je regarde la télé)
Ca a l'air d'être un bon gars
Hors ligne