Forum Grand Corps Malade et slam

Ça fait trente-six fois qu'elle lui dit,
mais lui n'imprime pas, il vit sa vie.
Sa passion est étrange et bien sûr dérange,
son monde a des saveurs d'orange,
et des couleurs ou le rouge explose,
comme dans un film de psychoses.
Les méchants rient des gens miséreux,
ces gens en haillons, jamais heureux.
Les gentils pleurent tout le temps,
effondrés de voir le cynisme ambiant.
il y a souvent des scènes malsaines,
ou la moralité n'a pas sa place, juste la haine.
Et puis des photos d'une descente aux enfers,
avec des corps suppliciés appelant leur mère.
Le décor ressemble à une partition inachevée,
dont les notes se noient après la marée.
L’odeur persistante de produits chimiques
altère l'envie d'efforts physiques.
Seul le bruit du robinet qui goutte
donne l'impression du rituel lié aux shots.

Dehors est une hérésie, synonyme de voyages,
de cette foule qui se presse en gare de triage.
De cette indifférence qu'offre l'argent,
quand c'est facile de l'étaler négligemment.
De ce cirque perpétuel,  routine assassine,
dont les tics se lisent à la une des magazines.
Son monde est un prisme d'une réalité agressive,
mais tellement vraie, comme l'efficacité de la lessive.
Ses repères sont partis en fumée, un jour ordinaire,
ou le vent se déchaînait, couchant tout sur la terre.
C’était quand exactement, mais quelle importance,
un jour chasse l'autre, alors les circonstances.
Bientôt viendra la nuit éternelle, la fin annoncée
les mots qui s'éliminent, les gestes étriqués.
Et en surimpression un lointain aux formes épurées,
avec en toile de fond un bateau, nouvelle arche de Noé.
Ce sera sûrement un matin, quand le jour exige,
un supplément d'air, dans une bouche vestige.
Ce sera enfin l'ivresse d'avoir encore des frissons.
Et de crier au monde, je vis d'illusions avec mes hameçons.