Forum Grand Corps Malade et slam

Je suis né dans un couple qui s'aimait mais la vie est faite de désillusion.
Autant vous dire que ma bonne étoile s'est faite filante à la première occasion.
Elle a du emmener mon père car ma mère pleurait chaque soir en maudissant le ciel,
Et je m'endormais toutes les nuits dans le noir en rêvant qu'il me poussait des ailes.
Un destin tout tracé me direz-vous, je finirais peut être spationaute.
Mais, personne ne m'avait prévenu qu'il me faudrait pour cela avoir de bonnes notes.
Mes ailes ne pousseraient pas, même avec un coup de main, cela devenait une certitude.
Et je regardais décoller les avions au bout du jardin en me disant que jamais je ne prendrais de l'altitude.

Ma mère faisait sans cesse mon plaisir sans me montrer que c'était éprouvant,
Elle me tirait de mes rêveries en hurlant: "Viens manger tes vols-au-vent!"
Le même repas qu'hier et je ne m'en suis jamais plaint,
Car je savais que dans la routine, il y avait le mot demain.
Demain j'essaierais d'être meilleur, pour un jour pouvoir atteindre les étoiles,
Je chercherais mon géniteur qui par un beau matin avait mis les voiles.
Je ne décrocherais jamais la lune pour une femme, je l'avais déjà acté,
Car je n'avais en tête que cette étoile à flinguer quitte à parcourir toute la voie lactée.

J'avais ma petite idée sur la fautive. Ça ne pouvait être que le reine Cassiopée.
Je prenais donc l'initiative de demander de l'aide aux étoiles qui composent Persée.
Je ne craindrais pas le dragon, ni même l'hydre ou le serpent,
Je me devais de le faire pour réunir de nouveau mes parents.
Dans mon obstination, sans m'en rendre compte, je devenais incollable.
J'avais le nom de chaque constellation au bout des doigts et sur l'immensité du ciel j'étais imbattable.
Mais en grandissant, je fini par comprendre que les réponses ne se trouvaient pas dans les horoscopes,
Lorsque ma mère m'emmena au planétarium pour me faire assoir derrière un télescope.

Vise les étoiles mon petit m'avait-elle dit, mais fait le pour les bonnes raisons.
Ton père est au ciel oui, mais il ne rentrera jamais à la maison.
Si tu veux voir ta mère sourire et si tu penses à mon bonheur,
Occupes toi d'abord de ton avenir au lieu de t'entêter à sécher mes pleurs.
J'étais en âge de comprendre ce jour là et tout devint plus clair,
Quand après le planétarium, je fis mes premiers pas dans un cimetière.
Et personne pas même ma mère n'aurait pu imaginer alors que son petit bonhomme,
S'était juré après avoir passé une partie de sa jeunesse à chercher un fantôme,
Qu'il deviendrait plus tard, lorsqu'il ne serait plus aussi haut que trois pommes,
Un de ses hommes qui se mettent au travail tous les soirs.

Il serait astronome.