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Marion-Marionnette, t'es dans ma tête.
- Tu te souviens, ma Linette ? Tu te souviens d'avant ?
- D’avant quoi, P’tite reuss ?
- Ben… d’avant moi ?
- Ah ! Je crois ! Avant toi, c’était bien, c’était gai !
- Tu crois, ma Linette ? Tu crois que c’était gai ? Tu vivais dans une famille hantée. Cinq fantômes, c’est pire qu’un château en Ecosse !
- Nous étions une famille nombreuse !... Mais on ne rit pas de ces choses là. Tu as raison, Marion-Marionnette, elle n’était peut-être pas si joyeuse cette famille hantée par l’absence de tous ces enfants. C’est surprenant comme l’esprit efface la mémoire.
- Simple question de survie, ma sœurette !
- Tu te souviens, ma Linette ? Tu te souviens d’avant ?
- D’avant quoi, P’tite reuss ?
- Ben… juste d'avant moi ?
- Ah ! Je crois ! On espérait, on t’attendait !
- Tu crois, ma Linette ? Tu crois que tu espérais ? Tu te souviens du ventre arrondi de maman, de la chambre prête à m’accueillir ?
- Du papier-peint années 80, des robes sac de maman… non, tu as raison, Marion-Marionnette, j’ai oublié tout ça. Sans doute parce que, moi, je ne t’attendais pas vraiment. Il était déjà trop tard pour moi, j’avais déjà scellé ma carapace.
- Simple question de survie, ma sœurette !
- Tu te souviens, ma Linette, tu te souviens d’après ?
- D’après quoi, P’tite reuss ?
- Ben, d’après moi ?
- Ah, je crois ! C’était beaucoup moins joyeux.
- Je pense bien, ma Linette ! Elle était beaucoup moins joyeuse notre tribu peuplée de fantômes !
- Il faut croire que les maisons hantées, à la longue, ça perd en humanité ! Tu as raison, Marion-Marionnette. Il faut dire que tu nous avais joué un sale tour, toi aussi. Venir agrandir le camp des fantômes… Alors mon esprit t’a effacée.
- Simple question de survie, ma sœurette !
- Tu te souviens, ma Linette, tu te souviens d’après ?
- D’après quoi, P’tite reuss ?
- Ben, d’après tout ça ?
- Ah oui, je me souviens de tout, ma p’tit reuss
- Je veux bien te croire, ma Linette ! J’ai dû laisser une trace profonde sous ta carapace.
- Marion-Marionnette, t’es dans ma tête chaque jour mais j’avais oublié que c’était toi, mon esprit t’avais avalée. Tu as hanté toute ma vie, je me suis construite sur les ruines de ton château en Ecosse et aujourd’hui, il est temps de sortir de l’ombre de ton absence.
- Simple question de vie...
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La Puissance ne respecte que la Puissance - b2oba
Dernière modification par MoonZ (19-12-2017 22:34:29)
C'est un texte très profond dont on mesure combien les mots libèrent l'auteure. Un beau titre bien choisi aussi. J'ai pensé à Boris Cyrulnik que tu m'as donné envie de relire. L'un de ses titres est justement "Le Murmure des fantômes".
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Vraiment touchant et comme dit Maya très profond, j'oserais dire très hanté aussi.
Des ombres qui accompagnent et qui influent des fois sur ce que nous sommes.
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dans la tête pour ne jamais oublier, texte émotionnel
Un petit coin fantôme
Un petit coin fantôme, pour une évasion
Au parfum d’ailleurs, aux rêves d’Icare
Quand la vie donne envie d’un envol
Sur les cimes qui dessinent les émotions
Et dans ses bagages, l’effluve imaginaire
D’un itinéraire, aux saveurs excitantes
Apologie pour une suite toute en nuance
Avec l’instinct comme compagnon avisé
Un espace dans l’immensité a sa portée
Ou les étoiles sont des escales apaisantes
Sans les aléas d’un trop plein de bruits
Juste le nécessaire quand il est économe
Un lieu affranchi des volontés exigeantes
Procurant les avantages, à la soif d'identité
Cette illusion d’être dans une bulle de savon
Soufflée par des alizés aux rythmes réguliers
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c'est si joliment écrit qu'on en oublierait presque la part d'ombre, bravo! Je vois que les pages blanches se remplissent
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C'est magnifique et très troublant. Tu retranscris très bien les discussions dans la tête avec quelqu'un d'absent...
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Merci à tous
Perso, je n'aime pas trop la fin. Je la trouve un peu trop grandiloquente
Moonz
Maya, je n'ai jamais lu Cyrulnik. Mais je viens de lire l'excellent "Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie" de Virginie Grimaldi. Elle y aborde notamment l'enfant qui reste.
Je ne sais pas si ce sont les mots que j'écris qui me libèrent, je parierais plutôt sur la longue thérapie entreprise depuis plus d'un an...
Nicole, je crois que même ce qui nous a paru anecdotique dans notre passé a une importance dans ce que nous sommes ensuite.
Itess, des fantômes, des absents, des manques...
Nouga, jolis vers
Sylvie, oui, les pages blanches se noircissent, ça va.
Miss' Si tu savais le nombre de personnes avec qui je papote dans ma tête
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J'ai repris le temps de lire on dirait une pièce de poupée comme si tu jouer avec deux poupée à raconter l'histoire de la maison barby. J'espère que tu gardes la forme et l'envie. C'est vraiment puissant tous les derniers textes que tu as posté. Merci de mettre en lumière ces choses ici.
Texte très touchant, ça m'a un peu fait penser à Gainsbourg qui a construit son Gainsbar autour de la figure fraternel de l'enfant qui n'est pas né avant lui. C'est intéressant comme les fantômes du passé vivent parfois dans le présent et influent sur le futur.
Il y a quelque chose de troublant dans le texte, mais dans le bon sens du terme, je dirais qu'on sent le poid que cela avait sur toi, j'espère que la thérapie t'as bien aidé si elle est accomplie ou qu'elle continueras à t'aider si c'est en cours.
Plein de bonnes pensées et merci pour ce texte
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(lune comme l'autre, c'est pareil pas de cadeau)