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Soleil radieux ce matin, il ne fait pas froid et les oiseaux chantent sereins,
l’esprit ouvert, le corps détendu, même le vent à s’taire booste l’inconnu.
Nous voilà parti, pour une balade en errance, tout près de chez vous, dans notre France,
échapper aux sons, échos de véhicules, au poids du virion et de ses particules,
à la recherche d’une cible tranquille, d’un endroit perché, paisible, dans la ville.
A découvert enfin se révèle un jardin, j’y vole, ce petit coin vert recèle mon destin.
Installé près d’une allée en fourche, couché à même le sol, semblable à une souche,
je scrute autour de moi ce que la nature a de beau, coccinelles, papillons, oiseaux,
la couleur des fleurs, même si elles m’inspirent, leur odeur je ne peux la sentir,
pour compagne, la chaleur du soleil de printemps, qui réchauffe la vie, prend bien soin des gens.
Je regarde d’ailleurs ces gens tout autour de moi, riches, pauvres, jeunes, vieux à la fois,
les enfants courant, jouant heureux, enthousiasme pour une longue vie ouverte devant eux,
les amoureux qui se tiennent la main, pour un présent qui ne pense pas à demain,
enfin, les vieux silencieux sans manières, fiers de leurs souvenirs d’hier, doux parfums,
accompagnés de leur chien, fidèle, qui veille sur eux, bien plus que tous leurs "siens".
Je contemple ce monde qui ne me voit pas, une souche dans un parc, ça ne se remarque pas.
Pourtant avant… qu’est-ce que j’étais visité, du matin au soir, et ce... tout au long de l’année.
J’avais aussi une famille unie, des enfants, trois, adorables, deux filles et un garçon,
honneur, joie, travail, amour et vie aisée, bonheur facile, que pouvait-il bien m’arriver,
jusqu’au jour où... changement de braqué, déraillement en chaîne, et chute incontrôlée.
Hippocrate en serment que j’avais prononcé, des vies je pense en avoir beaucoup soulagées,
aujourd’hui encore dans ma communauté, je donne la main en toute humilité,
surnom « le toubib », même si déchu je suis, aujourd’hui infecté par l’alcool que j’imbibe,
dû à une erreur médicale, diagnostic mal vu, patient qui décède, plaintes, et là ... spirale infernale :
jugement, condamnation, saisie, divorce, détention, avortant la vie de votre vision.
Depuis, seul dans ce monde de misère, je partage les bancs, les trottoirs avec les passants,
regard de mépris en passant, jugeant l’être à l’habit plutôt qu’à ses lumières,
même si aujourd’hui, tellement indifférent, à me voir déchu et sans un rond,
ma fierté et mon émoi bien enfouie au plus profond, mais mon cœur a gardé sa foi,
et si demain l’un d’eux tombait devant moi, premier à secourir, je serai ma fois,
si on me laisse ce choix.
Épilogue n° 1 :
Cette histoire n’est pas belle, mam‘zelle, mais lors d’un acte rebelle,
pour sauver une SDF comme moi qu’on allait kidnapper pour une greffe,
je découvris l’amour, et même si la vie n’est pas merveille autour,
ensemble on se tient chaud, quand on se regarde il fait juste : beau,
qu’importe si la terre tremble, ce n'est pas important, tant qu’on est ensemble.
Épilogue n° 2 :
Marre de cette vie sans horizon, je partis vers l’est, sans retour pour option,
j’y rencontrais des gens, des pays, des manants comme moi, qui enrichirent mes envies,
restant avec eux une heure ou deux, des jours, des mois, c’était simplement fabuleux,
comme un nouveau printemps avec une fleur qui vienne éclore quel que soit le temps,
je bus cette fraternité à l’infinie, et c’est cet univers qui, enfin, est venu clore ma vie.
Épilogue n° 3 :
Ma vie continua ainsi à errer par les chemins, à contempler les gens dans leur bocal,
j’étais libre, eux semblaient s’afférer comme s’ils devenaient esclaves de leur passé,
moi j’en avait plus, il avait trépassé, mon monde s’éteignait dans un univers musical,
où la raison me jouait un air que je fredonnait, frissonnant l’hiver et chantant l’été,
je m’éteins ainsi en harmonie, pas avec le monde, mais avec moi-même, d’une pneumonie.
Épilogue n° 4 :
Ma vie se figea ainsi, année après année, la possibilité de soigner ne m’étant pas donnée.
Je continuais à exercer auprès des gens pauvres, jusqu’un soir où sur un trottoir, avant que j’me sauve,
un jeune homme s’arrêta devant moi, et ce qui prononça ne m’était pas inconnu : « François c’est toi ? »
C’est vrai, je m’appelais François, qui pouvait bien connaitre ce mot qui me servait de prénom,
Juste mon fils Benoît, qui m’avait tant cherché et me dit : « viens papa, je vais m’occuper de toi » !
Épilogue n° 5 :
Chemin faisant un jour ordinaire, je fus victime d’une très force toux poitrinière,
la force me manqua, l’air de mon corps s’effaça, j’étouffais d’une pneumonie familière.
Je perdis connaissance. Mon heure avait-elle sonnée ? Non, je fus happé hors de cette insuffisance,
je découvris un homme qui s’affairait sur moi, il avait un beau minois, je senti comme une renaissance.
C’était une connaissance, un interne que j’avais formé, et sur ce trottoir, il s’était jeté à mon chevet !
Épilogue n° 6 :
Ma vie filait jour après jour, monotone, faite de survie et d’orage de la vie qui tonne,
avec des jours de pluie et des matins qui étonnent à l’infinie par un ciel bleu quand on croit tout détruit.
Parfois, je rencontrais des gens bons, peu me parlaient, mais on m’offrait des sandwichs au jambon,
je ramassais des mégots pour les finir ou pour récupérer le tabac, mais il y a avait jamais trop,
jusqu’au jour où… au milieu des tickets de métro : là , par terre, perdu, juste un ticket de loto,
et si je te dis que j’ai gagné le gros lot !
Épilogue n° 7 :
Exercer à nouveau, je ne le pu jamais, mais continua à prendre soin des êtres abandonnés, défais,
j’étais respecté dans ma communauté, mon décès sonna brutalement d’une pneumonie un mois de mai,
c’est là que commença ma seconde vie : un destin éternel dans un jardin feutré sans ennuis,
je retrouvais là tous les gens bien, croisés avant, tous attendrissants, des vieillards aux enfants,
plus rien ne me manquait, tout était là , comme on me l’avait dit, que c’est beau le paradis !
Épilogue n° 8 :
Dans ce parc arrive une famille avec deux enfants jouant ensemble,
ils ont entre 5 et 7 ans environ, ils sont tellement heureux qu’ils le font entendre,
Soudain la petite fille s’étrangle, dans la gorge elle a un bonbon coincé,
Sans attendre, je la pends par les chevilles et lui tape dans dos sans trop forcer
Le bonbon est rejeté, elle commençait à avoir le visage bleui tremblant.
Elle était sauvée ! Son père… un Sultan il était. Il me prit sous sa coupe,
m’emmena avec lui dans son pays, et je devins le médecin personnel de la famille.
Chaque soir, je recevais dans cette maison avec l’aide de sa fille,
les gens malades pauvres, je leur apportais soin, la petite leur servait de la soupe,
Ma renommée fit le tour du pays, on m’aima enfin, et bien plus que je n'aurai jamais pu l’espérer.
Dernière modification par austral-didjeridu (09-09-2017 20:22:43)
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A quoi ça tient la vie? Hier connu, reconnu, utile à la société, voici un être à qui on a retiré sa dignité d'homme, que l'on n'est même plus capable de voir. Tu as bien amené ce sujet difficile en plantant d'abord un décor ensoleillé, propice à de belles balades.
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la vie , avec ses déraillements,
çà tient a presque rien
mais la vie change, et les couleurs d'hier deviennent noir et blanc
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Irrémédiablement, la vie a ses dénouements qui façonnent nos destins,
la couleur, le blanc, le noir semblent différents, mais en fait c'est rien,
le monochrome à tout moment, trouve son charme sous l'éclairage d'un fusain,
la couleur comparée là en même temps, n'aurait alors qu'un aspect déteint.
Au sens figuré comme au sens propre, ce n'est pas la couleur qui nous rend différents, mais celle de nos pensées, à l'égard des personnes que l'on croise, quelles qu'elles soient, car un bout de papier, même s'il s'appelle : "billet", ne vaudra jamais autant que le coeur d'un "gens".
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J'aime beaucoup, on marche tous sur un fil de toute façon
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ce qui m'a le plus serré le coeur, c'est "si on me laisse le choix"
cela montre le pire des enfermements, car quelqu'un qui est tombé n'a pas le droit de se relever dans de nombreux yeux.. (je ne sais pas si je suis claire, je n'ai plus de neurone du tout aujourd'hui)
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Aider les autres est parfois un chemin de croix ! Mais s'aider soi-même .... ?
Beau texte !
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Je n'ai tout d'abord pas vu venir l'histoire, prise par les descriptions de la nature...
+1 avec Nicole.
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Digne d'intérêt.
"Chacun de nous est unique. Chacun de nous est magique. Combien le réalisent ? Et combien meurent trop vite ?" Assassin
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SylvA a écrit:
Je n'ai tout d'abord pas vu venir l'histoire, prise par les descriptions de la nature...
+1 avec Nicole.
C'est exactement ce que je pensais.
J'aime bien mais la fin est très triste :(
Belle citation Itess.
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