Forum Grand Corps Malade et slam

Il y a dans ma rue un arbre
La lumière passe dedans
Il y a dans ma rue un arbre
Qui attrape le temps et donne l’heure.
Tôt ou tard, à ma fenêtre
Il prend la lumière de l’est au levant
Et devient couloir d’automne, de printemps.
Il tient dans ses grandes mains les lueurs
Du soir et son feuillage est déjà presque noir.
Je ne me demande pas quel arbre c’est
Je me demande depuis combien de temps il est là.
Je l’avais à peine remarqué, maintenant
Il traverse ma journée. J’ai ouvert les volets
J’ai ouvert mes idées, j’ai fait pousser ma vie vers le haut.
Je marche sur les notes de l’escalier.
J’ai pris des notes comme l’écolier.
J’ai mal appris les choses, compris d’autres
Je cherche dans ma rue l’arbre du regard
Il murmure des éclats de vent dans les feuilles tombantes
Il se demande qui de lui ou de moi attend depuis le plus longtemps.
Il me dit tu regardes au-dedans, le jour passe, la nuit prend place
L’arbre s’endort dans mes pensées. Je me demande qui je suis dedans ?

Je suis la photo d'un arbre.
Un arbre qui n'appartient à personne,
Un arbre qui ne cache rien, et qui est libre.
Une photo un peu jaunie, prise en automne,
Dans la langueur d'un jour un peu doux-amer,
Un jour il y a longtemps...
Je suis la photo d'un arbre ordinaire,
Qui vivait il fut un temps.
L'arbre est grand, il se tient droit sur la photo
Comme une fiancée éprise, comme un soldat avant l'assaut.
Il tend ses feuilles comme des mains,
Coupant la lumière en morceaux,
Et à son pied il y a un chien.

Je suis une photo, un moment inscrit
Dans un rectangle de papier
Qui parle de la lumière, de la rêverie
De celui qui a photographié.
Je parle de l'arbre et du coeur de l'homme
Je parle des éclats de vent
Et du chien fantôme.
D'un moment
Qui fût
Et ne sera peut être plus.